Gael Hulsen, un basketteur qui a vu du pays

 

Pepinster, Charleroi, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et désormais Neufchâteau, on ne peut pas dire que la carrière de Gael Hulsen soit un long fleuve tranquille. Tout sauf sédentaire, le Liégeois est revenu en Belgique après cinq années passées à l’étranger et nous raconte ses escapades.

 

Cette saison, Gael évolue à Neufchâteau, en TDM1. Une signature qui a été initiée via…Facebook. » Matthieu Fivet, mon entraineur actuel, m’a contacté via le réseau social bien connu » confirme le joueur originaire de Grivegnée. Rien de surprenant pour Gael qui a très vite compris l’importance d’être présent sur la toile avec son propre site web, sa page Facebook et Linkedin. « Nous vivons dans un monde avec beaucoup de médias, notamment digitaux. Les coachs et les agents travaillent beaucoup via les réseaux sociaux. Linkedin, notamment, permet beaucoup de contacts. C’est impératif désormais pour les sportifs professionnels d’avoir une visibilité online. »

Fan de basket depuis toujours.

Un statut officiel de pro qu’a perdu Gael pour la première fois même s’il garde le rythme de vie auquel il s’est habitué. « Je suis joueur et entraineur au sein du BCCA » précise-t-il. « Mais, en plus des deux entrainements semaine, je m’entraine de mon côté avec du cardio, du shoot et de la muscu. Et je vais aussi régulièrement donner un coup de main à Liège Basket. Comme l’effectif de Liège est réduit, cela les arrange d’avoir des joueurs supplémentaires pour faire du cinq contre cinq et moi cela me permet de garder un bon rythme. C’est tout bénef pour les deux parties. » Une présence aux practices liégeois qui permet à Gael de garder un pied au sein de l’élite. « Pour l’instant, je suis à Neufchâteau et je suis concentré sur ma saison » déclare-t-il. « Mais si je reçois une proposition en fin de saison, cela méritera réflexion. Je ne cache pas que j’ai dans l’optique de retrouver officiellement le statut de joueur professionnel. »

 

 

Un premier contrat pro à 17 ans

 

Le talentueux combo-guard est professionnel depuis ses dix-sept ans lorsque Charleroi lui a offert son premier contrat. « Les Spirous m’ont signé très jeune pour ensuite me prêter deux saisons à Pepinster » nous dit-il  Un club qu’il connait bien puisque c’est là qu’il a effectué ses gammes, à partir de ses treize ans, dans le centre de formation pépin. « C’était vraiment très sérieux. Niksa Bavcevic faisait tout dans le club, il dormait même parfois à la salle et c’est lui qui donnait les camps. » Une formation qui lui apprend le professionnalisme. « C’est un processus à ingérer, un peu comme lorsque nos parents nous apprennent la vie » compare Gael. « J’ai appris la discipline, le dépassement de soi et le respect. Une valeur que semble un peu perdre la nouvelle génération. »

Gael lors de son passage au Spirou de Charleroi.

Parallèlement à sa formation pépine, Gael Hulsen est scolarisé au Sport-Etudes-Basket de Liège Atlas. Le basket est donc littéralement au centre de son existence. « C’était une belle expérience. Je sais que de nombreuses personnes critiquent Liège Atlas mais pour les amoureux du sport, c’est super à vivre. Les personnalités des basketteurs sont spéciales et quand vous en rassemblez autant ensemble, c’est du bonheur » rappelle-t-il. « Et puis, cela m’a beaucoup aidé à m’améliorer. Grâce à Yvan Fassotte et Dominique Piette, en plus de Pepinster, j’ai pu acquérir un excellent niveau technique et un super maniement de ballons. »

Des prédispositions techniques qui lui valent, à dix-neuf ans, d’être rappelé par Charleroi pour une saison délicate. « Les Spirous avaient un gros groupe de quinze joueurs. Ils jouaient l’Europe et les étrangers faisaient même la tournante. C’était difficile d’accéder à l’équipe première » se souvient le Liégeois. « Nous nous entrainions principalement avec Eric Lambert, le préparateur physique, et je jouais aussi avec l’Essor en deuxième division. »

Et à la fin de cette saison-là, Gael revient au Hall du Paire pour sa dernière année en double affiliation. Un souvenir douloureux puisqu’à la fin de la saison, il n’est pas resigné. « Je pensais sincèrement prolonger mon aventure à Pepinster. Je rentrais totalement dans leur cadre et mes performances avaient été plutôt correctes. Mais ce ne fut pas le cas » déclare-t-il, un peu amer. « C’est du business, juste du business. Maintenant je sais comment cela fonctionne. Cependant, en tant que pro, on ne peut pas se morfondre, même si c’est parfois difficile. Il faut switcher rapidement et se dire qu’une meilleure opportunité nous attend ailleurs. »

 

 

Go to Liverpool

 

MVP de Liverpool.

Un principe qu’il met en application pour signer à…Liverpool! « C’était une super situation pour moi, avec un coach qui faisait confiance aux jeunes. J’ai très vite été capitaine de mon équipe grâce à mon sérieux et à ma régularité. J’ai d’ailleurs été élu MVP de la ville. Un petit trophée, certes, mais qui faisait plaisir. » Dans la ville des Beatles, Gael peut compter sur le soutien des autochtones. « Mon anglais n’était pas terrible en sortant de l’école mais je suis tombé sur des personnes géniales qui m’ont beaucoup aidé. Quasiment chaque weekend, j’étais invité par les parents d’un joueur ou chez des amis. J’ai d’ailleurs gardé de bons contacts avec pas mal d’entre-eux, et je retourne souvent là-bas pour les vacances. »

Sur le terrain aussi, ça se passe bien et Gael s’éclate en jouant plus de trente minutes par rencontre. « Le niveau est loin d’être celui de la D1 belge mais est supérieur à celui de notre D2 » confesse-t-il. « Il y a pas mal d’Américains, mais plus vieux. Les défenses sont moins solides, les arbitres sifflent plus. Le public est présent lors des grosses affiches et pour soutenir les grandes équipes. » Si l’acclimatation outre-manche se passe à merveille, le Liégeois doit pourtant faire ses valises à la fin de la saison. « Le club a fait faillite et a été rétrogradé en troisième division, qui n’est pas du tout professionnelle. Il n’y avait plus de budget, j’étais contraint de partir. »

 

 

Champion d’Allemagne  à deux reprises

 

1er titre de champion avec les Kangourous.

Le jeune ailier, reconverti à la distribution, atterrit en Allemagne, à Iserlohn plus précisément. » Une saison extraordinaire » s’exclame Gael. » Nous avions de grosses ambitions et j’ai signé car je savais que le club voulait être champion. » Situé non loin de Dortmund, le club évolue en quatrième division. « Mais c’était le même processus qu’en D1, avec deux entrainements quotidiens et des jeunes qui étaient aussi en double affiliation. » Si la vie chez les Germains lui plait un peu moins qu’en Angleterre, Gael se fond très bien dans le moule et poste douze pions par rencontre. « Nous avons perdu deux matchs d’affilée, en championnat et en coupe, et directement le président est venu nous voir pour voir si tout allait bien et si nous ne manquions de rien. » Des conditions optimales pour les Kangourous qui réalisent un championnat parfait et décrochent le titre, synonyme de montée et de départ pour Gael. « En quatrième division, il n’y a pas de limitations du nombre d’étrangers par équipe » nous explique-t-il. « Mais en D3, il y a un système de protection des joueurs locaux et seulement deux non-allemands sont autorisés. Du coup, les équipes changent tout le roster. »

Gael signe à Wulfen.

Gael doit donc reprendre son baluchon et signe à Wulfen. « C’était de bonnes conditions aussi mais l’équipe était moins talentueuse. » L’objectif du maintien acquis, grâce notamment à ses quatorze points par match, Gael tente sa chance plus au Nord, à Hanovre. « Le club m’offrait des perspectives salariales plus intéressantes » reconnait-il. Mais, après cinq matchs, le vaillant Liégeois se rompt le tendon d’Achille et sa saison est foutue. « C’était très dur » confie-t-il. « Sur le moment-même, tu es fâché, en rage. Et puis tu acceptes et tu t’occupes comme tu peux. Au début, ça va, mais très vite cela devient de plus en plus difficile. Une sorte de tristesse te gagne. Je ne parle pas de dépression mais cela s’en rapproche. Tu sens qu’il manque quelque chose dans ta vie. » Privé du basket, Gael s’épanche auprès de son kiné. « Il m’a expliqué que cela était normal, que le cerveau produit certaines substances pendant l’effort et que ce n’est plus le cas lorsque l’on reste inactif. Finalement, on se retrouve à avoir une vie normale et calme, débarrassée des émotions qui font le sel de l’existence d’un sportif de haut niveau. »

2e titre de champion en 4 ans.

Après cette saison noire, l’ancien Pépin revient en Rhénanie-du-Nord-Wesphalie, à Schwelm où il remporte son deuxième titre de champion. « Ce fut une belle saison, avec un bon groupe composé de joueurs ayant évolué plus haut. » Mais pour la deuxième fois, victime de la réglementation en vigueur concernant le nombre d’étrangers, Gael doit quitter le club où il vient de fêter un titre. « Je me suis dit qu’il était peut-être temps de me diriger vers autre chose et de revenir en Belgique. »

 

 

 

Heureux de vivre de mon sport

 

Explosif en pénétration.

Et c’est donc dans la Province du Luxembourg qu’il décide d’aller exercer ses talents. « J’ai vécu une bonne intégration. Je connaissais déjà plusieurs joueurs, cela aide, et il y a une bonne ambiance dans le groupe » nous dit-il. Neufchâteau réalise un début de saison intéressant et est neuvième au classement, à égalité avec Ninane. « Le but est de se maintenir. Nous avons fait quelques matchs surprenants et je trouve que nous avons un gros potentiel. Nous pouvons clairement faire mieux que ce que l’on pouvait penser à l’entame du championnat » déclare Gael qui retrouve un rôle d’ailier. « J’étais combo-guard depuis que j’étais parti à l’étranger. Je retrouve donc mon poste naturel mais il faut un temps d’adaptation, surtout que le style de jeu est différent de ce que j’ai pu connaître. C’est plus lent et plus physique. » Pour aider les Blanc et Vert, Gael se base sur ses qualités et sur l’expérience engrangée. « J’ai pratiqué différents styles de basket et j’ai beaucoup joué partout où je suis allé ces dernières saisons. C’est ainsi que j’ai pu apprendre un maximum, et évoluer » argumente-t-il. Mais pas de quoi faire évoluer sa nature profonde. « Je reste très solide en défense, c’est ma qualité première. Et je suis un facilitateur, j’essaie de donner beaucoup de bons ballons à mes coéquipiers. Je peux aussi me reposer sur mon shoot à mi- et longue distance mais je manque de finition après contact » confesse-t-il humblement.

Une nouvelle expérience que vit pleinement Gael qui, malgré des coups du sort, ne regrette absolument pas son choix de carrière. « C’est certain que ce n’est pas toujours facile de vivre de son sport mais quand je vois mon papa qui doit se lever aux aurores tous les matins pour aller au turbin, je n’ai vraiment pas à me plaindre. Vivre de sa passion ne peut que te rendre heureux. »