Jérôme Flagothier, intérieur atypique

 

Cela fait déjà un sacré bail que Jérôme Flagothier promène son double mètre -2m10 pour être exact- sur les parquets de notre province et d’ailleurs. Intérieur versatile et polyvalent, il fait le bonheur des Carriers depuis douze ans. Les Sprimontois qui réalisent un excellent début d’exercice.

 

Pourtant, le Point Chaud Sprimont partait un peu dans l’inconnue. En effet, trois cadres de l’équipe avaient quitté le groupe. François Manset s’est exilé à Londres pour le boulot, Vincent Degives vient d’être papa et Hervé Cordonnier approche de la quarantaine – même s’il continue de s’entrainer parfois avec ses  anciens  coéquipiers. Une fin de cycle et l’arrivée de nouveaux jeunes joueurs qui redéfinissent le style de jeu des Vert et Blanc. « Auparavant, nous étions réputés pour notre adresse longue distance » rappelle Jérôme Flagothier. « Nos nouvelles recrues nous apporte d’autres possibilités,  avec du jeu rapide, des fondamentaux post-up, une défense agressive. » La perte de Vincent Degives a d’ailleurs directement impacté l’intérieur des Carrriers. « Vincent était un vrai 5 et il n’a pas été remplacé. Robin Malpas a un peu le même style de jeu mais il rend parfois vingt centimètre à son opposant direct. » Ce qui oblige Jérôme à forcer un peu sa nature, lui qui avait auparavant un rôle plus hybride. « Je dois être plus présent dans la raquette. Les saisons précédentes, je pouvais plus driver, couper en trailer, shooter de loin. Désormais, je dois plus travailler poste bas. »

Jérôme, plus actif dans la peinture.

Une évolution qui n’est pas forcément évidente pour celui qui a désormais trente et un ans. « Avec l’âge apparaissent les problèmes physiques, dos et genou notamment. Cela pèse sur mes prestations » avoue-t-il. Des prestations qu’il juge mi-figue, mi-raisin depuis le début de saison. « J’ai fait de bons et moins bons matchs. Devoir changer mon jeu a un impact sur le psychologique, c’est indéniable. » Toutefois, Jérôme se rassure par la bonne entame de championnat que réalise Sprimont, actuellement cinquième.

 

 

Jouer Esneux, une saveur particulière

 

Une série de TDM2 qu’apprécie le pivot sprimontois. « C’est un super championnat. La D2 (TDM1) dans laquelle nous avons évolué avec bonheur plusieurs saisons durant, c’était le top niveau mais nous jouions toujours en Flandres, ce n’est pas forcément très gai. Ici, nous affrontons régulièrement des potes et il y a de nombreux derbies, cela offre toujours une saveur appréciable. »

Depuis douze ans chez les Carriers, comme son coach Pascal Horrion.

Ce vendredi, c’est justement Esneux que reçoit Sprimont. Un match forcément particulier. « Il y a toujours un supplément de piment à jouer contre les Dragons. Ce sont nos voisins, nous les connaissons  bien même si leur groupe a un peu changé. Et eux aussi ont un coach qui a un  historique similaire au nôtre, à savoir plus de dix ans à la tête de l’équipe première. » nous explique Jérôme. « Et pour moi, c’est également spécial car je suis Esneutois. J’ai commencé le basket là-bas et j’aurais peut-être de la famille qui assistera à la rencontre. » Des joutes qu’affectionne le pivot, lui qui regrette le manque de fréquentation des salles. « J’ai vraiment constaté une diminution du public présent lors des matchs. Auparavant, lorsque nous affrontions Comblain et Esneux, les salles étaient pleines à craquer, c’était tout enfumé, il fallait rajouter des gradins » regrette-t-il, nostalgique.

 

 

Tout proche d’être un Spirou

 

Avec son physique hors-norme et du talent plein les mains, Jérôme a plusieurs fois flirté avec le professionnalisme. « Plus jeune, j’ai été en double affiliation avec Liège Basket, notamment pour la Coupe d’Europe » se remémore-t-il. « C’était une belle période, j’étais au mieux physiquement donc forcément, avec ma taille et un peu de basket, j’étais courtisé par les clubs du plus haut niveau. » Toutefois, Jérôme ne franchi pas le pas, sans regret. « Je n’ai jamais vu le basket comme un métier, je ne m’y suis pas investi à 200%. J’adore ce sport, c’est ma passion, mon hobby mais je ne me voyais pas vivre pour le basket. » Et le talentueux intérieur préfère privilégier ses études et garder le b-ball comme un à-côté réjouissant.

Jérôme dans ses oeuvres.

Cependant, l’histoire aurait pu être différente lorsqu’il y a trois ans le Spirou de Charleroi frappe à sa porte. « J’ai effectué toute la préparation avec eux, dont le stage à Izmir en Turquie et ça s’est bien passé. » Mais la situation est complexe. Le club a déjà réalisé un maximum de transferts et est empêtré dans une erreur administrative en lien avec le tragique décès de Rasmus Larsen, quelques mois plutôt. Finalement, Jérôme ne peut signer pour les Carolos qui lui témoignent pourtant un vif intérêt. « Ce n’est pas une déception. J’ai pu voir le monde pro de l’intérieur et ce fut une belle expérience. »

Un monde professionnel et une EuroMillions Basketball League dont il apprécie l’évolution. « Quand Charleroi m’a contacté, c’est parce qu’ils se sont, comme d’autres clubs, rendus compte qu’il était utile et nécessaire de jouer avec des Belges » résume-t-il. « Ce n’est pas plus mal je trouve. Certes, le niveau a un peu baissé mais c’est pour un mieux. Beaucoup de joueurs qui évoluaient auparavant en D2 ont désormais de vrai rôle au sein de l’élite, dans des salles à dimension humaine. » Et de conclure: « Nous retrouvons notre identité, et c’est fondamental. Je n’ai jamais compris l’intérêt de recruter un américain de troisième zone en lieu et place d’un autochtone. Ce qui me faisait rêver quand j’étais gosse, c’était de voir des Belges performer au plus haut niveau national. Et je crois que c’est toujours le cas pour les enfants aujourd’hui. »