Francorchamps ou le basket de terroir

 

Les Carnets du Basketteur

 

En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Régulièrement, pour Liège & Basketball, il vous proposera un billet dont le seul but sera de vous faire sourire et de permettre aux plus jeunes de découvrir « le basket du siècle dernier » …

 

En début de carrière, il m’est arrivé de cumuler mes occupations journalistiques et celles de joueur-entraîneur. A ce niveau, je peux prétendre sans risque de me tromper que j’ai coaché le club le plus haut placé de Belgique : Francorchamps, 550 mètres d’altitude. C’était au tout début des années 80.

A l’époque, la cour de récréation de l’école communale nous servait de terrain. Vous imaginez en hiver… Il n’était d’ailleurs pas rare qu’en certaines circonstances, l’essentiel de notre échauffement consistait à brosser la neige et à jeter du sel pour faire fondre les plaques de glace. Faut-il préciser que tous nos adversaires redoutaient l’expédition sur les hauteurs fagnardes ? D’autant que les dirigeants du cru avaient poussé le vice jusqu’à fixer nos rencontres à domicile le dimanche à 9 h 45. Il y eut quelques réveils douloureux dans les rangs d’en face… Autre particularité du terroir, l’habitacle où prenaient place les responsables de la feuille et des chronos : une espèce de baraque à frites sur roulettes. Pour ajouter à son aspect rustique, elle était surmontée d’un toit rabattable qui, au moindre coup de vent un peu puissant, retombait parfois sur la tête des arbitres et plongeait toujours les officiels de la table dans l’obscurité la plus totale.

Sur le plan sportif, nous disputions cette saison-là le championnat de 2e Provinciale (deux montants) où les routiniers remicourtois et les « millionnaires » malmédiens faisaient figures de favoris. A titre d’exemple, le derby dans la « Cité du Cwarmé » avait fait salle comble avec 350 entrées payantes. Seul leur trésorier avait le sourire car nous avions fait la nique aux ouailles de Roland Bloemers. Au final, nous causions la surprise en accédant à la P1 en compagnie des Hesbignons. Et ce, grâce à une fantastique solidarité au sein du groupe.

Pourtant, je n’avais pas que des « flèches » à ma disposition. Ainsi, Lulu éprouvait de réelles difficultés à assimiler le principe du changement de côté à la mi-temps. Le nombre de fois qu’il s’est empressé d’aller marquer un panier pour nos rivaux à la remise en jeu… Faut avouer qu’il n’était guère aidé par sa douce et tendre (mais aussi très blonde) moitié. Un jour, il hérite de lancers-francs. Il loupe le premier et son épouse de lui crier :  « Mais, Lulu avance ! Tu es tout seul. »

Grandiose.

 

Michel CHRISTIANE