Petits larcins et autres incivilités qui pourrissent la vie

Les Carnets du basketteur, saison 2! En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Cette fois, notre sémillant chroniqueur se penche sur certaines pratiques pas très fair-play, tant en football qu’en basket.

Le monde sportif est à l’image du reste de la société : pas toujours à l’abri de tout reproche. Au travers notamment de divers petits larcins ou autres incivilités qui, s’ils n’ont rien de dramatiques, on cependant l’art de pourrir la vie des victimes et de créer un climat pesant. Pour illustrer ce préambule, quatre exemples révélateurs auxquels, j’ai été témoin, voire confronté, à différents moments de ma carrière.

Les deux premiers ont trait au prétendu « sport roi ». Il y a quelques temps, un dirigeant d’un club germanophone me racontait : « En début de saison, nous avions organisé un important tournoi pour jeunes et, au terme de l’évènement, il nous manquait quatre ballons. Or, il se fait que notre délégué au matériel les marque systématiquement des initiales du club. Quelques mois plus tard, une de nos formations va disputer une rencontre de championnat en région liégeoise. Et, surprise à l’échauffement, nos joueurs observent vite qu’ils se préparent avec deux de nos « anciens » ballons. Nous sommes bien entendu repartis avec, mais n’avons jamais retrouvé les deux autres. » Pas très fair-play d’un cercle des bords de Meuse dont la dénomination laisse sous-entendre une origine étrangère. Qui n’est ni espagnole, ni italienne, ni portugaise…

Voici deux ans quasi jour pour jour, je couvre, à Waremme, la finale de la Coupe de la Province des P3/P4 mettant aux prises les deux « frères ennemis » verviétois (photo). Au coup de sifflet final, je recueille les impressions du responsable des supporters d’un des protagonistes. D’emblée, celui-ci se plaint de façon véhémente du fait que j’ai osé prendre en photos ses « protégés ». Arguant du fameux principe du droit à l’image. Il est vrai qu’à force de connaitre ses droits et d’ignorer ses devoirs… Pendant l’entretien, je sens que l’on fouille les poches de ma veste. Et pour cause puisque c’est un des « photographiés » qui tente de me piquer mon GSM. Pas très fair-play d’un cercle des bords de Vesdre qui n’est pas (feu) le Cercle Sportif…

En basket, les joueurs de Pepinster remontent, ce matin-là, dans le car après avoir disputé la vieille un duel européen à Cholet. Nous sommes prêts au démarrage quand, subitement, le directeur de l’hôtel, se dresse devant le véhicule. Après un rapide contrôle, il s’est rendu compte qu’il lui manque pas mal de coussins et édredons. Il les déniche tout aussi vite dans le fond du bus auprès des Américains de service désirant sans doute effectuer le voyage retour le plus confortablement possible…

Quand j’ai commencé dans le métier, j’ai été frappé par les plaintes refoulées de bon nombre de responsables de clubs m’indiquant l’attitude « limite » de certains arbitres. Leurs remarques étaient toujours du même tonneau : « Ils se déplacent dans une seule voiture, mais n’hésitent pas à compter deux frais de déplacements. Et nous n’osons évidemment pas leur faire observer sous peine de nous les mettre à dos. » Dans un article, j’avais mis en exergue cette situation anormale pour ne pas dire malhonnête vis-à-vis de formations ayant parfois des difficultés à nouer les deux bouts. Quelques heures à peine après la parution du papier, coup de téléphone du patron des refs liégeois de l’époque. Furibard, il me signale que cette pratique est d’usage depuis bien longtemps et qu’il est hors de question de la modifier. Dans la foulée, il me signale que j’aurais aussi intérêt à arrêter de profiter de mon statut pour jouer au redresseur de tort avant de raccrocher aussi sec. Et comme le chanterait « je-ne-sais-plus-qui » : non, non rien n’a changé…

Michel CHRISTIANE