« Une magnifique aventure collective »

 

Dans le concours du « Verviétois de l’année », catégorie citoyen, Rafi’Kids fait partie des sélectionnés. Une belle marque de reconnaissance pour l’association que nous avions déjà évoquée pour vous. Afin de mettre un peu plus en lumière cette louable initiative, nous nous sommes entretenus avec son instigateur, Benjamin Simonis.

 

Benjamin, cela fait combien de temps que tu es désormais sur le continent africain?

Je suis au Cameroun depuis bientôt cinq ans. Auparavant, je suis resté un peu plus de deux ans au Rwanda (ndlr: où l’asbl Rafi’kids est active). Là-bas, j’étais Directeur cargo de Brussels Airlines et ici, au Cameroun, je viens tout juste de changer de boulot. J’étais Directeur d’une société sud-africaine active dans la communication et l’affichage publicitaire. Je suis désormais Directeur des achats et de la logistique pour un grand groupe belge, Socfin, actif dans la production de caoutchouc végétal et d’huile de palme.

Passionné par ce continent?

J’ai quitté le Rwanda un peu contraint et forcé car mon contrat arrivait à terme et j’ai rebondi au Cameroun un peu par hasard. Mais oui, tout à fait. En tant qu’amoureux de l’Afrique noire, mon épouse et moi-même sommes très heureux ici.

Benjamin avec les enfants de Kigali.

Pas de retour dans notre plat pays à l’ordre du jour?

Nous reviendrons inévitablement vers nos racines, mais probablement pas avant quelques années. Peut-être quand notre fils aura l’âge d’aller à l’école. A vrai dire, c’est le boulot qui nous a amenés en Afrique, mais le fameux moustique nous a piqués et, aujourd’hui, nous ne voulons plus la quitter.

Tu as fondé, avec des amis, l’association Rafi’Kids (présentation de l’asbl ici). Quel bilan tires-tu déjà de cette aventure?

Il est compliqué de faire le bilan d’un projet en cours. A mon sens, un bilan se dresse à la fin d’une mission ou d’un projet. Or, nous sommes encore loin de la fin de cette aventure. Néanmoins, lorsque je regarde où nous nous trouvons aujourd’hui par rapport au départ, je me dis que nous avons tous fourni un travail remarquable. N’oublions pas que Rafi’Kids est né naturellement et simplement sur un petit terrain de basket à Kigali, au Rwanda, il y a cinq ou six ans à peine. A l’époque, le terrain de basketball de Nyamirambo était presque tout le temps désert. Non pas par manque d’enfants aux alentours mais bien par manque de matériel et de ballons. Il n’était pas rare de trouver des enfants en train de jouer avec des bouteilles en plastique.  En effet, la majorité des enfants qui habitent dans le quartier sont plutôt défavorisés et n’ont pas de quoi s’acheter des chaussures convenables. Alors un ballon… Constater qu’aujourd’hui le terrain ne désemplit pas car tous les gosses du quartier ont désormais la possibilité de venir y jouer, grâce aux nombreux dons récoltés depuis trois ans, c’est un sentiment fantastique!

 

 

Des études universitaires

 

Les résultats obtenus sont donc bel et bien visibles?

Oui, tout à fait. Ils sont concrets. Nous touchons véritablement du doigt plusieurs objectifs de l’association Rafi’Kids dont le premier est d’offrir un peu d’innocence et de bonheur à des enfants que la vie n’a pas épargnés. Mais en plus de cela, nous envoyons depuis cette année deux étudiants à l’Université. L’argent obtenu au travers de nos différentes actions, dont la commercialisation de notre bière « RAFIKI », permet aujourd’hui de financer les études de deux « anciens » Rafi’Kids. Nous remplissons ainsi pleinement notre mission d’éducation et collons à notre slogan: « le basket comme moteur, l’éducation comme objectif ». Toutefois, nous n’en sommes qu’aux prémices de cette merveilleuse aventure. L’objectif final n’est pas d’offrir un avenir à deux enfants mais bien d’en envoyer bien plus encore à l’école.

Justement, comment se sont passés les examens des personnes dont vous financez les études?

Nous attendons encore les résultats de Roger mais les examens de Papy se sont superbement bien déroulés pour lui. Il a obtenu une moyenne de 70% pour ses quatre partiels dans des études en transport aérien. Il saisit pleinement l’opportunité que nous lui offrons et c’est avec une immense fierté qu’il nous a envoyé la copie de ses résultats. Nous évitons de nous emballer car son cursus est encore long mais nous sommes déjà tellement heureux pour lui.

Alain Denoel lors du camp Rafi’Kids.

De quoi es-tu le plus fier?

Tout dans cette aventure me rend terriblement fier! Bien évidemment, offrir des études universitaires, et donc un avenir, à deux enfants qui n’auraient jamais pu rêver de cela est sans doute le sentiment le plus fort. Mais toute la mobilisation autour de Rafi’Kids est magnifique! J’étais de passage en Belgique la semaine dernière et j’en ai profité pour aller voir le derby entre Ensival et Aubel en P1. Cela m’a permis de revoir des amis mais, surtout, j’entendais des personnes, dans les gradins, parler de l’association. Des personnes que je ne connaissais absolument pas mais qui évoquaient « ce projet mené par plusieurs joueurs ou anciens joueurs de la Province. » Il faut préciser qu’Alain Denoël était au commentaire de la rencontre diffusée par Télévesdre. Enfin, je suis extrêmement fier de l’équipe de Rafi’Kids qui se donne toute l’année pour les enfants. Alain Denoël, encore lui, vit ce projet comme personne d’autre. Il nous a aidé à franchir énormément de paliers. De par son réseau et son franc parler, il a su faire connaitre l’association dans toute la Province.

Et il n’y a pas que lui…

Oh que non!  Manu Bouchoms, lui aussi, s’investit corps et âme pour le projet. On ne pouvait rêver meilleur graphiste, toute notre visibilité, c’est lui ! Et force est de constater que si on parle de nous, c’est grâce à lui. Jérôme Thélen a, quant à lui, un rôle ingrat mais tellement important: la comptabilité. Aujourd’hui, nous avons un statut légal et c’est Jérôme qui gère tout ce volet à merveille. Enfin, il y a  Lucas Lambot, Charline Vanderstocken, Fabien Wagemans, Jérome Jacquemin, Sarah Iglesias, Denis Lepièce qui, tous à leur niveau, donnent de leur personne pour mener à bien nos missions. Et je ne parle même pas de l’association suisse qui mériterait à elle seule un article.

 

 

Un camp en 2018

 

Quel est ton meilleur souvenir?

Je dirais sans trop réfléchir qu’il s’agit de mon premier retour avec l’association à Kigali. Lorsque j’ai quitté le Rwanda en 2012 pour raisons professionnelles, j’avais fait la promesse aux enfants que je ne les oublierai pas et que je continuerai, même à distance, à les suivre, à les encourager et à la pousser à continuer le basket et les études. Au fond d’eux, je sais qu’ils ne m’ont pas cru tant ces gosses sont habitués aux promesses non-tenues. Mais quand je suis revenu avec la première équipe Rafi’Kids pour organiser le camp de basket en 2015, j’ai observé, dans leur regard, de la reconnaissance mais aussi une tonne de joie et de soulagement.

Quelles sont les prochaines actions prévues par l’association?

Nous sommes actuellement occupés à travailler sur le camp 2018 qui devrait avoir lieu entre Juillet et Août. Ce camp sera principalement axé, cette fois-ci encore, sur la formation des jeunes « coaches » sur place. Car en contrepartie des études payées, nous exigeons des jeunes qu’ils entrainent leurs petits frères afin de continuer notre action au quotidien sur le terrain. Mais d’ici-là, nous allons continuer nos actions auprès de clubs pour récolter principalement des chaussures de basket tailles enfants ainsi que des ballons. De plus, notre bière : la « RAFIKI » rencontre un petit succès et nous avons produit 2.000Litres supplémentaires. Nous allons donc continuer à en faire la promotion afin de pouvoir envoyer encore plus d’enfants à l’école.

 

 

Nommé au Verviétois de l’année

 

Comment as-tu pris que Rafi’Kids soit nommé au citoyen verviétois de l’année?

Ce fut une immense surprise ! Le coup de téléphone de Monsieur Beckers du groupe Sudpresse, m’a totalement laissé sous le choc. Moi qui vis en Afrique, je suis parfois loin d’imaginer que notre association fait autant parler d’elle. C’est une immense reconnaissance pour tout le travail accompli. Bien évidemment, nous ne nous investissons pas pour la gloriole mais ce genre de « consécration » nous pousse encore plus et nous motive à perpétuer notre action auprès des plus démunis.

En quoi est-ce important de l’emporter? Qu’est-ce que cela peut amener de positif pour l’association?

Ce « titre » ne changera rien à la détermination de notre équipe. Nous ne modifierons rien à nos ambitions et à notre travail sur le terrain mais ce concours peut nous offrir encore un peu plus de visibilité, principalement en dehors des terrains de basket, là où nous sommes moins connus. Si nous parvenons à remporter ce concours, nous bénéficierons d’une légitimité encore plus grande auprès des partenaires qui nous accompagnent depuis le début de l’aventure. Cela pourrait également nous ouvrir d’autres portes et un accès auprès d’autres sociétés désireuses de nous rejoindre. Enfin, pour les enfants du Rwanda, ce serait une magnifique preuve qu’il n’y a pas que nos dix bénévoles qui se soucient d’eux, mais bien plus de monde.

Pour cela, il faut aller voter sur le site dédié à ce concours

Oui, il faut que les gens se mobilisent au maximum! Nous sommes sélectionnés parmi les quatre derniers prétendants dans notre catégorie mais la route est encore longue. Alors, plus que jamais, il faut soutenir Rafi’Kids.