« A la base, c’était un pari »

Indissociable de Belleflamme dont il a mené la génération dorée de la P4 à la TDM2, Vincent Clavier tournera une sacrée page de sa vie d’entraineur à l’issue de cette saison. Entretien avec un clubman et un chic type.

Vincent, comment juges-tu votre saison en TDM2?

Elle est compliquée, comme nous le pressentions. En ne compensant les départs de Romain Peremans et Johnson Matumuini que par l’arrivée de Trussardi Ferreira, qui évoluaient en P1 aux Pays-Bas, nous savions que la tâche serait compliquée. La blessure de Mampuya – qui n’a joué que cinq matchs depuis septembre – a rendu la situation encore plus délicate et force est de constater que nous avons un réel déficit de taille et de physique par rapport à nos adversaires, surtout si les joueurs ne mettent pas la priorité sur le basket. Dans les matchs à enjeu, il nous a souvent manqué un petit quelque chose et cette accumulation de courtes défaites pèse sur le moral et entraine même une fébrilité, qui nous voit parfois dilapider notre avance dans le money time.

Ton équipe a-t-elle atteint son plafond?

Non, je ne le pense pas. Je suis persuadé qu’à vingt-cinq ans, mes joueurs peuvent encore progresser mais cela ne dépend que d’eux et de leur envie. Dans cette division hyper exigeante et dans cette série dense où toutes les équipes peuvent l’emporter, il faudrait que mes joueurs mettent le basket en priorité pour rivaliser avec leurs opposants et cela n’est pas le cas. Les mentalités ont changé, je peux le comprendre même si, de mon côté, à quarante-huit ans, je veille toujours à ne pas me coucher trop tard la veille d’un match. En TDM2, le talent ne suffit plus et il faut placer le basket en tête de liste de ses activités pour être performant.

Ce vendredi vous recevrez Geel, une équipe que vous pouvez battre vu la physionomie du match aller?

Touts les matchs à domicile – car le public répond souvent présent – peuvent être gagnés. Geel est toutefois une belle équipe, avec du poids dans la raquette, un très bon meneur et d’excellents shooteurs. Nous devrons être en réussite et j’espère pouvoir compter sur Mampuya dont la présence serait, à coup sûr, un adjuvant positif.

Crois-tu encore au maintien?

Il ne faut pas se voiler la face. Même si mathématiquement cela reste encore jouable, nous assistons depuis début janvier à des surprises de nos concurrents directs chaque week-end. Je ne suis pas résigné mais je ne crois pas aux miracles, je reste lucide et nous préparons plutôt l’équipe de la prochaine saison dans l’optique de la R1.

« Les mentalités changent »

Tu as d’ailleurs décidé de ne pas rempiler pour la saison prochaine. Pourquoi avoir fait ce choix?

Cela fait huit ou neuf ans que je coache cette équipe, de la P4 à la P3 puis de la R2 à la TDM2. Nous avons remporté de nombreux trophées ensemble, empoché de belles victoires. Je suis très exigeant envers mon groupe et mes joueurs en ont sans doute marre de m’entendre. Comme nous en discutions plus haut, les mentalités changent et plutôt que de rouspéter là-dessus, je préfère partir en étant toujours en très bons termes avec tout le monde.

Une décision qui peut tout de même surprendre.

Chaque année, je me remets en question et j’ai régulièrement proposé de céder le relais à un autre entraineur mais les joueurs étaient demandeurs que je reste. Je m’investis à 200% et j’ai besoin que mon groupe en fasse de même, sinon cela devient problématique. Il ne faut pas oublier qu’à la base, c’était un pari. Lorsqu’on m’a proposé de reprendre l’équipe de mon fils en benjamins, j’ai accepté en lançant à la cantonade: « D’accord mais j’amènerai les enfants en équipe première! »

Est-ce là ta plus grande fierté: avoir amené ce groupe jusqu’en troisième nationale?

J’ai deux fiertés avec cette équipe. La première, c’est d’avoir remporté la catégorie reine, l’équivalent du 100 mètres en athlétisme: le championnat de Belgique juniors. Nous avons été champions de Belgique juniors – ce qui est finalement assez rare pour des équipes wallonnes – et cela, personne ne pourra jamais nous l’enlever. La seconde, c’est lorsque j’ai arrêté de jouer en R1 à Belleflamme, j’ai convaincu le club de faire monter mes joueurs de P3 – où nous venions d’être champions – en R2, sautant la génération qui s’illustrait en P1. Il y a eu des critiques mais celles-ci se sont estompées au fur et à mesure de la saison lors de laquelle nous nous sommes sauvés. J’ai pris un risque, qui s’est avéré payant, qui a ensuite permis à Makengo et Romain Peremans de revenir au club, avec le succès qui fut le nôtre. Ce challenge là était tout de même terriblement important.

« Que mon successeur fasse aussi bien voire mieux »

Vas-tu tout de même rester dans le comité de Belleflamme?

Bien sûr, je resterai impliqué en tant que comitard tout en prenant tout de même un peu de recul. A ce titre, je prépare ma succession et nous cherchons un entraineur désireux de s’impliquer sur le long terme. J’aiderai à construire l’équipe – nous savons déjà que Makengo désire partir et que Mampuya arrêtera ou relèvera, du haut de ses 41 ans, un nouveau défi mais que le reste du groupe est désireux de poursuivre à Belleflamme – avec pour objectif que mon remplaçant ait toutes les cartes en main pour faire aussi bien voire mieux que ce que j’ai pu faire au cours de ces trois saisons en R2, trois saisons en R1 et deux saisons en D3.

Qui sera le prochain coach de Belleflamme?

Cela reste encore à finaliser. Ce sera un coach désireux de s’impliquer pour plusieurs saisons en régionale. Nous consultons d’ailleurs les joueurs à ce propos car, la mentalité étant désormais différente, ceux-ci ont de l’importance dans le choix du futur coach. Lorsqu’il sera nommé, je l’aiderai à trouver des joueurs pour compléter l’effectif. Peut-être même qu’il n’aura pas envie de conserver tous les joueurs de cette année. Tout cela en sachant que nous ne pouvons pas nous permettre de folies financièrement. Nous ne sommes pas Tongres (rires).

Et toi, de quoi ton avenir sera-t-il fait? Coacheras-tu une autre équipe la saison prochaine ou ressens-tu le besoin de couper pour de bon?

C’est vraiment trop tôt pour te répondre. J’ai des contacts mais je dois encore réfléchir. Cela fait beaucoup d’années que je consacre une grosse partie de mon temps au basket. Je n’exclus rien mais cela ne sera pas au détriment de Belleflamme, un club dans lequel je suis depuis que mon gamin a débuté en baby à trois ans.

« Je monte toujours sur un terrain pour gagner »

Enfin, un dernier petit mot sur la P3 de Belleflamme dans laquelle tu évolues. A quarante-huit ans, comment abordes-tu les matchs?

Quand je monte sur un terrain, je veux toujours gagner. Mais, désormais, à mon âge, quand une équipe est plus forte, je dois l’accepter. Le plus jeune de notre équipe a 38 ans, le plus vieux en a 51, et notre noyau varie en fonction des petits bobos et des circonstances. Nous cherchons avant tout à nous amuser et à accrocher tout ce que nous pouvons. Nous essayons d’utiliser notre expérience. Parfois, l’envie est là mais les jambes ne suivent pas (rires).

Vous êtes toutefois deuxièmes derrière les intouchables Blancs-Moussis. Si l’opportunité de disputer le tour final se présentait en fin de saison, tenteriez-vous de rejoindre la P2?

Evidemment, nous nous prenons au jeu donc si nous décrochions un ticket pour le tour final, nous le disputerions. Mais il ne faut pas se leurrer, nous devons encore rencontrer de grosses équipes et, généralement, nous sommes un peu moins performants au deuxième tour. Nous nous entrainons un peu moins, il y a un peu plus de blessures. Ce fut le cas la saison dernière.