« D’énormes tacticiens et des playbooks assez étoffés »

La crise sanitaire et le confinement, Obradoiro et la Liga Endensa, le championnat belge et le projet de BeNeLeague, les Lions et Dario Gjergja: autant de sujets abordés par Maxime De Zeeuw pour Liège & Basketball. Entretien.

Maxime as-tu vécu cette situation inédite et ce confinement?

Il m’a fallu énormément de temps pour comprendre la gravité de la situation. Je me souviens être, à l’époque, en train de regarder les news et me dire que ce qui se produisait en Chine n’arriverait jamais chez nous. C’était également très difficile d’expliquer la situation à mes enfants et, surtout, qu’ils prennent réellement conscience de ce qu’il se passait. Le vingt avril, après plus de six semaines de confinement strict, la ligue espagnole décidait de jouer la fin de la saison sans notre club – et d’autres. J’ai donc pris la décision de rentrer en Belgique en voiture le plus vite possible. Nous sommes depuis le vingt-trois avril à la maison et la vérité est que nous sommes bien mieux ici. Nos vivons très bien ce confinement. Nous sommes fort occupés à la maison, nous faisons aussi des balades et du sport.

Selon un récent sondage, la majorité des joueurs du championnat espagnol sont contre la reprise à huis-clos du championnat. Quelle est ta position sur le sujet?

Je suis contre. J’ai récemment regardé la reprise de la Bundesliga et je trouve ridicule de devoir jouer dans des stades vides, sans les fans. Faire plaisir aux gens et provoquer des émotions, c’est la base du sport. En tant que sportif professionnel, tu as besoin de ce soutien en match.

Avec une quatorzième place au général au moment où le championnat fut stoppé par le Covid-19, quel bilan peux-tu déjà dresser de ta saison avec Obradoiro?

Nous étions certes dans le bas du classement mais nous étions aussi fort proches des Playoffs. Les clubs se tenaient dans un mouchoir de poche et cela montre à nouveau le niveau de la Liga Endensa. Mais pour faire un vrai bilan, il aurait fallu finir la saison.

Et au niveau personnel et de tes prestations, comment juges-tu ta saison?

Je suis un peu déçu de mon temps de jeu. Suite à mes blessures de la saison précédente, le club avait recruté durant l’été en pensant que je n’allais pas revenir à 100%. Mais après avoir bossé dur durant la période estivale, je suis revenu à 100%… Je ne peux pas expliquer mon faible temps de jeu, surtout que j’étais performant à l’entrainement et lors des matchs où je jouais beaucoup.

Sous le soleil espagnol, Max peut voir la vie en rose.

Tu évolues dans la deuxième meilleure ligue du monde. Quelles sont les spécificités de la Liga Endensa selon toi et quelles différences as-tu pu noter avec les championnats belge et allemand?

Le niveau de chaque rencontre est élevé. Il n’y a pas un seul match où tu peux te dire que cela va être facile. Tout le monde peut battre tout le monde et tous les joueurs sont plus techniques qu’en Allemagne ou en Belgique. Chaque erreur se paie cash. De plus, les coachs sont tous d’énormes tacticiens et les playbooks sont généralement assez étoffés.

Tu as, par le passé, joué plusieurs années dans le championnat belge. Quelle est ton opinion sur l’évolution de la ligue?

Je regarde encore assez souvent des matchs de la ligue belge et force est de constater que la ligue est un peu malade. Les budgets continuent de diminuer chaque année, les spectateurs désertent les salles… Cela reste malgré tout une très bonne ligue et nous avons la chance d’y avoir de très bons joueurs.

Es-tu favorable à une BeNeLeague?

J’y suis favorable car cela apporterai un vent de fraicheur. Cela pourrait permettre d’augmenter le niveau du championnat, attirer plus de sponsors et de bons joueurs.

Quels sont tes projets et tes envies pour la prochaine saison?

J’aimerais pouvoir continuer de jouer à l’étranger pendant encore deux ou trois ans. Je verrai pendant l’été ce qui viendra car il est trop tôt pour se projeter, surtout après cette crise sanitaire qui aura forcément fait beaucoup de mal aux clubs partout en Europe.

Tu es un membre important des Lions. Qu’est-ce que l’arrivée de Dario Gjergja a pu changer et peut changer pour notre équipe nationale?

Je n’ai passé que dix jours avec lui pendant la dernière trêve et j’ai été très agréablement surpris par l’homme. C’est un vrai plus de pouvoir compter sur un coach pareil. C’est un véritable meneur d’hommes qui est extrêmement motivé et passionné, un coach droit qui implique tout le monde. Cela apporte un renouveau chez les Lions qui fait plaisir à voir.

Finalement, qu’est-ce qui t’a marqué cette saison?

L’ampleur de cette crise, sans hésitation. Cela va complètement changer notre manière de vivre dans les mois et les années à venir. C’est très difficile de se projeter et c’est frustrant. Mais il faut l’accepter et essayer d’en tirer le maximum de positif. J’ai pu passer énormément de temps avec ma famille et cela m’a aidé à penser à autre chose, à relativiser et à réaliser ce qui compte réellement dans la vie.

Un véritable stretch four.

Crédit photo: ACB et Obradoiro