Aubel invaincu: tentative de décryptage

 

Le début de saison d’Aubel est parfait! Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier l’entame du championnat des Aubelois qui sont invaincus après dix matchs et largement en tête de notre Première Provinciale. Liège&Basketball a interrogé Jonathan Hertay pour tenter de décrypter les raisons de ce succès.

 

Jonathan, c’est ta première saison à Aubel. Comment es-tu arrivé là-bas?

J’avais arrêté il y a deux ans et demi car je venais d’avoir mon deuxième enfant et que l’ambiance à Neuville était détestable. D’ailleurs, beaucoup de joueurs ont quitté Neuville après cette saison là qui fut particulièrement difficile. Les joueurs n’avaient pas tous les mêmes objectifs, il aurait fallu cinq ballons sur le terrain et je pense que parfois, dans le sport amateur, les défraiements  polluent un peu le climat. Même si je suis parti en bon terme, cela a été une rupture assez nette avec le basket.

J’imagine donc que tu savoures encore plus ton retour dans le monde du basket à Aubel?

Tout à fait. Je renoue avec le basket tel que je l’apprécie, collectif et engagé, au sein d’un club particulièrement attachant.

 

 

« Un album panini pour les 50 ans du club »

 

Justement, qu’est ce qui te plait tant dans le matricule 1388?

J’y ai retrouvé l’esprit club que j’avais pu connaitre plus jeune à la Vaillante Jupille. Il y règne une ambiance familiale et en même tant des ambitions sportives. Cela a trop souvent tendance à être l’un ou l’autre. A Aubel, les équipes se côtoient et se supportent les unes les autres. Nous buvons un verre tous ensemble et la P1 n’est pas sur un piédestal et ne méprise pas la P4 par exemple. Et puis, le club est hyper dynamique. Le président, Léon Leduc et les frères Collin ont plein de bonnes idées et sont très actifs. Il y a une newsletter qui circule chaque semaine. Chaque saison débute avec la journée Jean-Marc Collin où toutes les équipes jouent dans les deux salles. Les seniors doivent servir au bar et cela permet de nouer des contacts, d’échanger et de créer des affinités. Aubel aura cinquante ans cette année, pour l’occasion, le club lance un album panini où tous les joueurs et joueuses, de chaque catégorie d’âge, auront leur vignette.

Tu parlais d’argent tout à l’heure, cela a-t-il une influence sur la vie de groupe?

Aubel est devenu royal.

Bien sûr. La preuve c’est que chaque saison de grosses équipes sont annoncées mais la mayonnaise ne prend pas car les objectifs de chacun sont parfois trop différents. De plus, cela peut créer des tensions dans le vestiaire car généralement, tout se sait et cela engendre une certaine jalousie. Enfin, cela peut aussi mettre de la pression sur le coach qui est obligé de faire jouer certains cadres en dépit de leurs performances, ce qui peut conduire à de la frustration pour une partie du noyau.

Et à Aubel, ce n’est pas le cas?

Non. Nous ne payons pas notre cotisation mais cela s’arrête là. Personne ne reçoit d’enveloppe et cela simplifie considérablement les choses. Les gars sont là pour de bonnes raisons et on peut le constater au quotidien.

 

 

« Un groupe homogène »

 

Justement, pourquoi avoir rejoint le club aubelois?

Pour le plaisir et le projet proposé. En fin de mercato, Maxime Fontaine, Xavier Hubert et moi-même avons signé chez les Verts. Compte tenu de nos vies professionnelles et familiales, la notion de plaisir primait sur tout le reste. Nous voulions pratiquer notre sport favori dans un climat sain, à un niveau satisfaisant et sans trop de contraintes.

Christophe Hougardy, une première saison couronnée de succès.

C’est le cas à Aubel?

Totalement! Nous sommes arrivés au sein d’un groupe très festif, avec des joueurs comme Demarteau ou Beckers qui y ont fait toute leurs classes, que du positif. Chacun est sur un pied d’égalité, tout le monde vient aux entrainements avec plaisir et Christophe Hougardy reste compréhensif quant aux absences même si, dès le départ, il  a été convenu que celui qui manque l’entrainement ne commence pas dans le cinq de départ.

C’est cela la recette de votre succès?

Notre avantage, c’est d’avoir dix joueurs interchangeables. Nos remplaçants peuvent être dans le cinq de base de n’importe quelle équipe de P1. Cela saute aux yeux en match d’ailleurs où, bien souvent, nous faisons jeu égal au départ et ce sont nos rotations qui nous permettent de faire la différence.

 

 

« Un début de saison à prendre avec des pincettes »

 

Des matchs que vous ne perdez pas depuis le début de saison…

Oui, mais je dois reconnaître que nous prenons cela avec des pincettes.

Pourquoi?

Un groupe qui vit bien.

Tout d’abord parce que l’année dernière aussi, Aubel avait très bien commencé avant de connaitre quelques difficultés. Ensuite, parce que chaque match est piègeux. Hormis contre Ensival et Neuville, nous avons été accrochés lors de chacune de nos rencontres. C’est peut-être d’ailleurs ce qui nous manque, un état d’esprit de rouleau compresseur mais cela rend les matchs plus engagés et les victoires encore plus belles.

Vous attendiez-vous à pareille fête en début de saison?

L’objectif était de jouer les Playoffs. Nous n’arrivions pas spécialement à nous situer dans cette série qui se révèle assez particulière. Mais nous sommes tous des compétiteurs donc nous voulions essayer de gagner un maximum.

 

 

« Battre Waremme pour rester invaincus »

 

Maintenant que vous en êtes à dix victoires en dix matchs, les objectifs ont-ils changé?

Déjà, nous voulons prendre tout ce qui est à prendre. Notre capitaine, Demarteau, part en janvier pour deux ans en Espagne. Nous allons donc perdre un cadre de l’équipe. De plus, désormais, chaque équipe veut se payer notre scalp. Nous devons faire preuve d’auto-discipline car autant nous répondons présents pour les grosses affiches, autant nous sommes régulièrement malmenés lors de confrontations face à des équipes du ventre mou du classement.

Mais vous parlez quand même de rester invaincus jusqu’à la trêve?

Dix joueurs interchangeables.

Oui, nous en parlons bien sûr. Nous bénéficions d’ailleurs d’un tirage favorable jusqu’à Noel. Nous nous disons que si nous gagnons contre Waremme, nous sommes bien partis pour ne pas connaître la défaite en 2O17. Il faut savoir que nous sommes un groupe assez festif. Nous avons une farde avec pas mal de petits challenges sur des capots, etc. Il était stipulé qu’arrivés à cinq victoires, nous étions invités pour un diner chez le coach. A dix victoires, c’était une bouteille en ville. Ce fut le cas ce vendredi et c’était très sympa. Mais nous n’avions pas pensé aux quinze victoires. Nous allons sérieusement nous pencher là-dessus (rires).

L’équipe semble particulièrement homogène…

Oui, absolument. A l’intérieur, c’est très solide, notamment Leenaerts qui, même s’il a parfois besoin d’être un peu chamboulé, est un super back-up. Les ailiers ont des profils différents mais complémentaires et à la distribution il n’y a pas vraiment de hiérarchie. Il y a un bon équilibre car pas de petits jeunes ou de trop vieux et Christophe Hougardy, pour sa première saison, fait de l’excellent travail.

 

 

« Si nous montons, c’est tous ensemble »

 

La question de la montée se pose donc déjà?

A vrai dire, nous prenons match après match, échaudés par la dernière saison qu’a vécu Aubel. Il est donc un peu tôt pour tirer des plans sur la comète, nous freinons un peu sur le sujet. Nous avons décidé d’aborder la question plus tard, sans doute avant les Playoffs.

Mais vous seriez partants pour rejoindre la R2?

Je pense que le club est sain, et qu’il ne serait pas contre y accéder car il n’a jamais eu d’équipe à ce niveau. Concernant les joueurs, c’est un peu plus ambigu. Plusieurs d’entre nous voulaient rejouer en Provinciale afin de ne plus perdre une journée complète pour faire un déplacement à l’autre bout de la Wallonie. C’est notamment le cas de Xavier Hubert et moi-même. A contrario, certains ne connaissent pas ce niveau et auront peut-être envie de le découvrir.

Alors, Aubel en deuxième régionale l’année prochaine?

Impossible à dire, c’est trop tôt pour se prononcer. D’abord il faut continuer à gagner, rester concentrés et afficher la même mentalité. Ensuite, je pense que l’attribution des séries aura son importance. Mais ce qui est certain, c’est que si on tente l’aventure à l’échelon supérieur, nous voulons le faire tous ensemble.