La crise au 4A Aywaille?

 

Ce samedi, le 4A Aywaille recevait Tilff pour un match qui valait son pesant de cacahuètes. Les deux formations semblaient surfer sur des dynamiques différentes. Les Aqualiens marquent un peu le pas après un bon début de saison tandis que les Porais se relèvent bien après une entame de championnat manquée. Surtout, les hommes d’Alain Demarteau devaient faire oublier leur court revers d’il y a deux semaines à domicile contre Bellaire. Liège & Basketball était sur place et vous livre le récit de la soirée.

 

Les spectateurs ne s’étaient pas trompés sur l’importance de cette rencontre puisque nombreux avaient décidé de faire le déplacement. Nous croisons Pierre Vander, Jean-François Servais et d’autres joueurs de Tilff présents pour supporter leurs copains. Un ancien de la Spéciale Aywaille, Jean-Roch Bonhomme, et un nouveau dans cette même Spéciale, Pierre Philipkin, venu voir ses anciennes couleurs, et pas mal d’observateurs avisés.

Le 4A enregistre le retour de Grignet, en provenance du Canada. Son papa, Alain, Président du club local nous confie qu’au vu des récents résultats « il sera difficile de monter, même si j’espère tout de même remonter en P1 dans les prochaines saisons. » Il regrette le match à Sainte Walburge où « les locaux ont fait redescendre des joueurs de D3, cela a faussé la rencontre. » Néanmoins, le coach a toute la confiance du comité qui estime qu’il faut que ce nouveau groupe puisse travailler au mieux « afin de réaliser la meilleure saison possible. »

On ne peut s’empêcher d’évoquer la rumeur selon laquelle Yorick Godin partirait à Theux la saison prochaine. « C’est n’importe quoi » réagit Yves Jadoul, directeur technique du 4A. « C’est juste une photo qui est parue, ce n’est absolument pas fondé. » Alain Grignet enchaine en expliquant que « c’est normal qu’un joueur comme Yorick, avec sa taille et ses aptitudes, soit courtisé. C’est un excellent joueur malgré son petit moral. Et il est très bien ici. » Ce que nous confirmera le principal intéressé plus tard dans la soirée. « Je suis au 4A et je compte y rester. C’est mon club et j’apprécie y jouer. Il ne faut pas croire les rumeurs. »

 

Une première mi-temps équilibrée

 

Les arbitres sifflent la minute, le match va pouvoir débuter. Et ce sont les locaux, grâce notamment à deux bombes d’Urbain, qui entrent le mieux dans la rencontre et mènent 13 à 9 après cinq minutes. Les Porais passent ensuite devant via Kenny Boers (très en jambes durant cette partie) et des transitions offensives efficaces. C’est 15 à 16. Nicolas Letesson, revenu au 4A après un détour par le football, remet les Aqualiens devant avec deux rebonds offensifs et un tir longue distance. C’est 22-16.

Benjamin Meunier, un ancien de la maison et qui nous confiera après le match que « c’est toujours particulier de revenir jouer ici et d’affronter des anciens coéquipiers. J’étais d’ailleurs tout particulièrement motivé aujourd’hui. » Cela se traduit par une jolie interception et deux points dans la foulée. Il est imité par Henrard, le petit jeune de Tilff, adroit à mi-distance (et qui livrera une belle prestation).

Aywaille au rebond.

Après treize minutes, le match tient toutes ses promesses et les locaux sont devant d’un petit point, 29-28. André Yon, l’impressionnant pivot tilffois, est furieux contre l’arbitrage qui le siffle au moindre contact. Tilff perd une balle et encaisse, c’est 31-28. Quentin Jolibois, qui a visiblement bien relu les nouvelles règles du « marcher« , fait trois pas en allant au lay-up mais rate sa tentative et tente de se racheter de loin. C’est à nouveau manqué. Yon prend sa troisième faute et sort furibard.

A quatre minutes trente de la fin du deuxième quart-temps, les troupes de Patrick Maquinay sont pourtant revenues à hauteur de Leonard et compagnie,  c’est 31 partout. Cependant, de mauvais replis défensifs permettent aux Aqualiens de reprendre quatre points d’avance. Le coach visiteur, Patrick Maquinay, craque un temps-mort. Au sortir de celui-ci, Henrard, qui n’a décidément pas froid aux yeux malgré son jeune âge et son manque d’expérience, plante deux jolis tirs pour faire 37-35. Mais Guillaume Bastens perd une balle et prend une technique pour s’être fâché sur lui-même (!). C’est 42-38 à la mi-temps.

 

Rififi à la mi-temps

 

En regagnant les vestiaires, une altercation éclate entre les Porais et Christian Gengou, assistant-coach d’Alain Demarteau. L’ancien pivot du 4A est renvoyé en tribune par les arbitres pour la seconde période.

Autour du bar, chacun y va de son commentaire. Jean-François Servais, Polster pour les intimes, nous donne son opinion. « Les Porais font un bon match mais je crains qu’ils ne craquent face à la taille adverse. » Pierre Philipkin est ravi du match et précise que si « Di Palma rentre ses shoots, cela peut changer la donne pour Tilff. »

Di Palma, justement, enquille d’entrée de jeu à 6 mètres 75 et P-Mac exhorte ses troupes, c’est 47-43. Nous sentons que la rencontre peut basculer dans un sens comme dans l’autre. Coup dur cependant pour Tilff qui voit André Yon prendre sa cinquième faute. L’intérieur, dépité et en colère, est contraint d’abandonner ses coéquipiers. Pascal Maquinay décide de relever ses manches pour compenser l’absence sur le terrain. Il gobe du rebond mais se fait contrer par Godin de l’autre côté. Malgré une grosse faute sur Bastens, Tilff marque et revient à deux points. Maquinay prend un troisième rebond de suite et les Bleu et Blanc passent devant sur un triple de Kenny Boers. C’est 47-48. Alain Demarteau prend un temps mort pour stopper la remontada tilffoise mais Henrard en remet une couche. Tilff mène de trois points, 51-54, avant l’ultime quart-temps.

 

Tilff émerge dans le dernier quart

 

Et pour ces dix dernières minutes, l’intensité monte encore d’un cran. Les joueurs des deux camps se livrent une véritable bataille et se jettent sur tous les ballons. Sur un splendide « tear drop« , Jolibois fait 51-57. Mais deux pertes de balles de Bastens et une offensive -contestée- de Roland François permettent au 4A de recoller au score, 57 partout.

Di Palma, efficace en 2e mi-temps.

Bastens se rattrape en volant une balle et Kenny Boers inscrit un panier en pénétration. Roland François sur un tip-fait 57-63. Un ballon sort des limites du terrain et les combattants des deux camps plongent dans les gradins pour tenter de la sauver. L’intensité est à son comble, Grignet commet une (légère) anti-sportive pour couper la transition offensive des Porains (cf: les nouvelles règles) et un somptueux alley-oop de Boers pour François offre dix points d’avance aux visiteurs, 57 à 67. Temps mort des locaux, il reste trois minutes et quarante-six secondes à jouer.  Malheureusement pour Aywaille, un manque de réussite aux tirs et, surtout, une excellente gestion de fin de match de Boers (quel superbe eurostep!) empêchent d’inverser la tendance. Le 4A s’incline 64 à 76 au terme d’une rencontre plaisante et âprement disputée.

 

« Il faut qu’on retire nos Pampers! »

 

Dans la superbe nouvelle buvette du hall omnisports d’Aywaille, les réactions divergent selon les parties, mais tous les spectateurs reconnaissent avoir pris du plaisir à suivre la rencontre. Patrick Maquinay, coach victorieux, exprime sa satisfaction. « Ce qui a fait la différence, c’est notre défense de zone hyper bien placée. D’ailleurs, nous n’avons pas changé de défense car nous savions que nous aurions du mal à contenir leurs trois double-mètres. Quarante minutes avec un secteur intérieur finalement dominant pour nous. Nous avons appliqué notre plan de match à la lettre et cela a bien fonctionné pour nous. » Toutefois, ce match ne relance pas les ambitions de montée des Porais. « L’Etoile Jupille et Sainte Walburge restent intouchables dans la série, avec Bellaire en embuscade. Nous allons essayer d’accrocher les quatrièmes places, c’est notre objectif pour le moment. »

Chez Alain Demarteau, par contre, l’amertume est palpable. « Nous faisons une bonne première mi-temps avec une bonne intensité même si on pêche sur certains errements défensifs. Après vingt minutes, nous menons de quatre points et je suis serein. J’en profite pour dire à mes gars de rester calme concernant les décisions arbitrales qui sont plutôt en notre faveur » commence-t-il. « Mais en deuxième mi-temps, nous touchons le fond au niveau de la mentalité. Nous n’appliquons pas les consignes, nous ne servons pas en-dessous alors que nous y avions l’avantage et nous ne mettons pas un shoot. Il faut que mes joueurs retirent leur Pampers! Il ne doivent pas jouer avec la peur au ventre. » Une défaite qui est difficile à avaler pour le coach du 4A qui débute avec des seniors après une belle carrière de basketteur, en deuxième et troisième nationale notamment. « Cela remet la suite du championnat en question. Notre envie de jouer est nulle, avec cet état d’esprit, on ne pourra jamais chatouiller le top 3. Il n’y a plus d’envie, plus d’enthousiasme. Le duo Demarteau-Gengou gêne-t-il? » s’interroge l’entraineur, désabusé.

Pourtant, Nicolas Letesson nous explique que le groupe a pas mal parlé dans le vestiaire. « Nous savons que nous aurions dû nous imposer. Cette défaite est dommage mais pas dramatique. Le groupe vit bien, nous sommes derrière le coach et nous allons nous reprendre » conclut-il.

C’est sur ces dernières paroles -et tandis que l’équipe gagnante enchaine les tournées- que nous prenons congé, non sans avoir salué une dernière fois les nombreux afficionados de la balle orange restant à Aywaille pour profiter d’une chaleureuse soirée, comme sait en offrir le club aqualien.