Sport et politique ne font pas bon ménage

Les Carnets du basketteur, saison 2! Qu’on le veuille ou non, les élections du 26 mai prochain s’approchent à grands pas. L’occasion toute trouvée d’extirper certains souvenirs personnels relatifs à quelques hommes politiques wallons…

On est au début des années 2000 et Rudy Demotte (PS) vient d’être désigné ministre du budget, de la culture et des sports au sein du gouvernement de la Communauté Française. Et, ce samedi matin-là, il convie la presse dans les installations du Blanc Gravier, au Sart Tilman. Pas de chance – autant pour lui que pour moi -, je me trouve être le seul « plumitif » à avoir répondu à l’invitation. Alors que ses services ont mis les petits plats dans les grands. Loin de se démonter, il présente ses projets comme si de rien n’était. Par pure politesse, je lui pose l’une ou l’autre question avant de quitter les lieux. C’est alors qu’il m’interpelle avec sa courtoise légendaire : « Pour vous remercier de votre venue, vous prendrez bien l’apéro avec moi ? » Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés en tête-à-tête dans un local privé de l’Unif. Une coupe de champagne à la main…

C’est une réception beaucoup plus officielle qui s’est tenue, au printemps 2008, à l’Hôtel de Ville d’Aywaille. Il y avait du monde et même du très beau monde puisque Eddy Merckx, en personne, y assistait. Et ce, en vue de la présentation du circuit du futur championnat de Belgique cycliste de l’époque. Sport qui – faut-il le préciser ? – constitue la discipline préférée de Philippe Dodrimont (MR) qui s’empressait d’embarquer ses invités dans un car pour découvrir le tracé aqualien. Beaucoup l’ignorent, mais l’actuel sénateur a été sacré « champion de Belgique des parlementaires » à bicyclette. Bien évidemment. « Si tu savais le nombre de fois que j’ai pleuré devant ma télé en suivant les exploits de Philippe Gilbert », me glissait-il lors d’une conversation à bâtons rompus. Adepte de tennis de table, le citoyen de Stoqueu est également président du club de football d’Aywaille et l’un des membres les plus actifs du Conseil d’Administration de Liège Basket. Contre vents et marées !

Par bonté… électorale, je tairai l’identité de cette personnalité Ecolo. A ce moment, il est échevin des sports de sa commune et le journal me demande de couvrir la remise des mérites sportifs de l’entité en question. Le basket y est à l’honneur. Quand je prends congé, il me serre la pince tout m’interrogeant pas gêné pour un sou : « Au fait, pourriez-vous m’indiquer de combien de joueurs se composent une équipe de basket ? » Echevin des sports, une fonction trop souvent subsidiaire attribuée à un élu n’y connaissant rien en la matière.

Ce qui n’est pas le cas de René Collin (Cdh), un véritable homme de terrain – au propre comme au figuré – quand il avait cette compétence dans ses obligations ministérielles. Au terme d’une conférence de presse de présentation des « Ardennaises », je me retrouve en sa compagnie à un mange-debout. Lors de la conversation, nous évoquons l’excellente saison des footballeurs de Mormont. J’ignore qu’il est un supporter acharné du club luxembourgeois et, manifestement, il est intarissable sur le sujet. Confidence pour confidence : si les salles de la Fraineuse sont (enfin) dotées de spacieux gradins, c’est, beaucoup, grâce à lui et, un peu, via l’intervention d’un modeste journaliste spadois…

La dernière anecdote se situe en février de l’année dernière et réunit le jury des prix sportifs de la Ville de Liège. Chaque parti à un représentant et le PTB y envoie le volubile Francesco Ferrara. Il n’a qu’un sport en bouche : la pétanque. Il ne tarde cependant pas à démontrer que la passion rend parfois aveugle. C’est ainsi qu’il prétend d’abord que tireurs et pointeurs seront officiellement en action dès les Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo avant d’affirmer que la pétanque venait de dépasser le basket en nombre d’affiliés. Renseignement pris auprès des deux fédérations : il y a près de 100.000 adeptes du « cuir orange » pour… 16.500 chasseurs de cochonnet. Ce soir-là, j’ai bien cru que l’inimitable conseiller de Glain perdait la boule. De pétanque, comme il se doit.

Ultime constat : rares sont les hauts dirigeants de notre pays à vouer une passion aussi dévorante pour la « balle au panier » qu’un certain Barack Obama (photo) de l’autre côté de l’Atlantique.

Michel CHRISTIANE