« Une décision irrévocable »

Alors que la grogne monte suite à la décision d’annuler le championnat 2019-2020 et que les polémiques enflent sur les réseaux sociaux, Benjamin Riga, Président du CP Liège, a accepté de répondre aux différentes interrogations que se posent les amateurs de basket en Province de Liège. Entretien sans langue de bois.

Benjamin, depuis combien de temps es-tu membre du CP Liège?

Depuis neuf ans et je suis dans ma première année en tant que Président.

Est-ce la décision la plus difficile que vous ayez eu à prendre au CP depuis que tu en fais partie?

La plus difficile non, car nous avons déjà dû prendre des décisions difficiles, mais certainement la plus complexe, la plus inédite et celle qui a demandé le plus de refléxion.

Cette décision d’annuler la saison fut-elle soutenue par l’ensemble des membres du CP?

Oui, tout de suite nous fûmes du même avis.

Pourquoi avoir décidé d’annuler purement et simplement la saison 2019-2020 et ainsi n’octroyer ni montée, ni descente?

Quand un championnat ne se termine pas, il ne peut y avoir ni montant ni descendant. Pour nous, c’était logique, cela coulait de source et c’était la décision la plus juste déontologiquement. Peu importe les calculs qui auraient pu être effectués, ceux-ci auraient été injustes à partir du moment où la réalité du terrain ne pouvait être appliquée. Quand un tournoi se termine avant la fin, il est impossible de désigner un vainqueur. Nous ne pouvions pas nous résoudre à reléguer des équipes qui n’avaient plus l’occasion de décrocher leur maintien sur le terrain. De plus, la situation en P1 Hommes était telle – six équipes concernées par la descente – qu’elle rendait impossible éthiquement de désigner des descendants sans aller au terme de la saison.

La situation en P1 hommes fut un élément déterminant de votre réflexion?

Oui, cela a bloqué la situation tout comme le fait que Liège est la Province qui compte le plus de séries et d’équipes. Il était impossible de faire des ajustements et le CP ne raisonne de toute façon pas de la sorte.

C’est-à-dire?

Nous avons toujours fonctionné de la même manière, en refusant les situations fantaisistes, les passe-droits, le cas par cas. Nous sommes fidèles à nos principes, à nos dogmes même, et ne les bafouerons jamais. Nous ne sommes pas influençables et je suis même surpris que les gens s’étonnent de la décision que nous avons prise.

« Nous sommes fidèles à nos principes »

Avez-vous subi des pressions?

Oui, nous avons reçu des mails, des coups de téléphone de clubs prêchant pour leur paroisse et désirant favoriser telle ou telle option. La décision que nous avons prise en toute indépendance est d’ailleurs la plus courageuse car elle ne récompense personne.

T’attendais-tu à de telles critiques?

Oui, mais quand on occupe un poste à responsabilité, on y est préparé. Et peut importe la décision prise, celle-ci aurait été critiquée.

Certains évoquaient la possibilité d’augmenter le nombre d’équipes par séries.

Nous y sommes farouchement opposés. Liège a toujours fonctionné avec des séries de quatorze équipes et nous n’entendons pas déroger à ce principe inscrit dans le règlement. De plus, c’est un cadeau empoisonné puisque cela signifie plus de descendants au terme de la prochaine saison. Nous devons être visionnaires et anticiper les conséquences sur le prochain championnat.

Des équipes et des clubs méritaient de monter et sont légitimement déçus.

Je comprends qu’il y ait de la déception dans le chef de certains. Mais tout le monde repart sur le même pied d’égalité et les équipes pourront à nouveau tenter de performer.

« Le CP est maître de la gestion du championnat »

Plusieurs observateurs regrettent le manque d’uniformité des décisions entre les différents comité provinciaux et l’AWBB. Quelle est ta position sur le sujet?

La situation est différente dans chaque province et chacune d’entre-elles possède certaines spécificités. Il n’est pas toujours possible de reproduire à Liège – par exemple – ce qui fonctionne à Namur. Nous avons donné notre avis mais l’option privilégiée par l’AWBb s’avérait caduque pour Liège. Et, encore une fois, il nous semblait inconcevable d’attribuer montées et descentes si le championnat n’a pas pu aller à son terme.

Ensival et Alleur rejoindront la régionale. Cela ne déforce pas votre raisonnement?

Non, c’est du ressort de l’AWBB et nous n’avons pas à interférer dans les décisions du régional.

D’autres soutiennent que le CP n’est pas compétent pour décider des montées et des descentes?

C’est inexact, le CP est maître de la gestion du championnat. Juridiquement d’ailleurs, notre décision est celle qui est la plus inattaquable car personne n’est défavorisé en descendant d’une division.

Des bénévoles s’interrogent sur les frais engagés. Si la saison est annulée, ceux-ci seront-ils remboursés?

C’est du ressort de l’AWBB qui va se pencher sur la question pour pénaliser le moins possible les clubs. Le CP n’a aucune compétence en la matière. Par contre, nous n’allons pas comptabiliser les « amendes » pour des matchs déplacés alors que ceux-ci n’auront pas lieu.

« Nous sommes élus pour prendre des décisions »

Pourquoi ne pas avoir opté pour un référendum avant d’arrêter votre décision?

Nous sommes élus pour prendre des décisions. Nous avons pris nos responsabilités, c’est ce que demande notre fonction. Et vu les e-mails et coups de fil reçus, cela ne nous aurait pas aidé d’écouter tous les clubs.

Certains pointent du doigt le mélange du genre entre tes fonctions au CP et à Ans. La décision prise le fut-elle en toute indépendance?

Bien sûr! Nous sommes là pour élever le débat, pas pour faire de cas particuliers. Nos décisions sont prises en toute indépendance et en âme et conscience, avec une vue d’ensemble et en faisant fi des intérêts partisans. Et, pour tout dire, si j’avais dû encourager une décision en faveur d’Ans, j’aurais préféré que notre P2 descende car tout était déjà prévu pour repartir de P3.

Plusieurs personnes ont été choquées par l’argumentaire choisi dans les différents communiqués et les références à la crise sanitaire et à ses conséquences humaines. Etait-ce opportun de le formuler ainsi?

Nous vivons une période particulière, plusieurs membres du CP ont des proches qui sont directement touchés par le coronavirus et ont d’autres préoccupations que de parler basket. Malgré cela, nous avons su nous pencher sur la problématique de notre championnat et prendre une décision. C’est ce que nous voulions souligner. Et bien sûr, nous estimons logique que chacun puisse s’exprimer et faire entendre son point de vue.

La décision d’annuler le championnat est-elle irrévocable?

Oui, elle est ferme et définitive