« Un véritable projet de vie »

Fondateur de Talento et du Talento Game, Sébastien Cosentino nous parle de son parcours, de la genèse et des spécificités de sa structure et du match de gala qui se qui se tiendra à Ninane ce samedi premier juin. Entretien.

Sébastien, peux-tu nous retracer ton parcours?

Diplômé en communication, j’ai touché au basketball pro grâce à un stage à Liège Basket pour qui je fus, après, responsable free-lance en matière de contenu. J’ai ensuite travaillé au club comme salarié pendant deux ans et demi lors de la belle période vécue par les Principautaires avec, notamment, la finale contre Charleroi en 2011. Par la suite, je suis parti travailler chez Randstad où je suis encore.

Parallèlement à cela, tu t’es investi dans le basket?

Oui, d’abord comme joueur en étant plus jeune puis du côté d’Haneffe comme entraineur et Directeur Technique. J’ai aussi eu l’opportunité d’être manager des équipes nationales U18 en 2011 et 2012.

Avec deux participations aux Championnats d’Europe…

En effet, lors de l’été 2011 en Bulgarie avec des joueurs comme Raphael Allemand, Gérald Henrard, Dorian Marchand ou Jimmy Stas et en 2012 à Sarajevo avec Manu Lecomte, Louis Hazard et Naim El Khounchar notamment. Nous avions d’ailleurs affronté la Bosnie de Jusuf Nurkic qui évolue désormais en NBA à Portland. Nous avions joué zone pendant quarante minutes.

De belles expériences fondatrices pour la suite?

Oui, ces différentes expériences à Liège Basket et avec l’équipe nationale U18 m’ont permis d’affiner ma vision sur les à-côtés du basket et la manière dont fonctionnaient les club professionnels.

« Les principes de l’INSEP »

D’où la volonté de créer, en 2014, la structure Talento?

Exact. Cela partait d’une question clé, notamment pour l’avenir du basket belge et des jeunes joueurs: que faire à dix-huit ans et comment envisager la post-formation?

Comment fonctionne Talento?

Les fondations se basent sur les principes de l’INSEP en France et du concept de projet de vie. Une notion qu’applique désormais l’ADEPS mais davantage pour les sports olympiques. L’objectif est d’envisager l’avenir de jeunes joueurs de manière globale afin de rendre plus sereins les choix à faire au niveau basket, études ou formations.

Concrètement, quel est ton rôle et celui de Talento?

Nous accompagnons de jeunes joueurs au potentiel certain dans leur projet de vie. Nous offrons un regard davantage à 360 degrés qu’un conseiller sportif grâce à une démarche holistique et personnalisée afin que les jeunes joueurs se construisent le meilleur avenir possible et maximisent leur potentiel, tant sur le terrain qu’en dehors.

Comment te rémunères-tu?

Je n’ai pas créé Talento pour mettre du beurre sur la tartine (rires). Pour légitimer ma place autour de la table, Talento possède un agrément de la région wallonne en tant qu’agence de sportif professionnel. Cela restreint toutefois notre champ d’action à la Belgique et uniquement avec des joueurs belges. Néanmoins, je ne touche une rémunération (10 % du contrat comme le veut la législation en vigueur) qu’en cas de signature d’un contrat pro par un des joueurs dont je m’occupe. Mais la signature d’un contrat professionnel est loin d’être l’unique finalité pour un jeune joueur.

C’est donc pratiquement du bénévolat pour toi. Qu’est-ce qui te motive dans le projet Talento?

Je fais cela par passion et j’ai une vraie adrénaline en accompagnant un jeune de haut niveau dans son projet de vie. Pouvoir observer son évolution et le voir atteindre les différents objectifs sportifs et scolaires fixés est très satisfaisant pour moi. Il n’y a pas d’intérêt mercantile avec Talento, dans le cas contraire, cela pourrait peut-être même biaiser mes conseils.

« Valoriser le parcours académique et sportif »

Tu parlais de projet de vie et disais que la finalité n’était pas obligatoirement de signer un contrat pro pour les garçons que suit Talento. Peux-tu nous préciser cela?

C’est finalement assez simple. A dix-huit ans, des jeunes joueurs à fort potentiel se voient parfois proposer des contrats pros – dont les montants sont absolument incomparables à ceux qui peuvent exister dans le football par exemple- afin de venir grossir les rangs des équipes de division un. Avec Talento, nous analysons la pertinence de ces propositions et définissons, avec les joueurs dont nous nous occupons, un projet de vie épanouissant. En fonction des profils des joueurs, nous offrons nos conseils pour permettre aux jeunes que nous suivons de se construire le meilleur avenir possible. Et cela passe souvent par décliner ce genre de contrat et développer un vrai projet académique en parallèle du basket.

Mener de front une « carrière » en D1 et des études est-il impossible?

Impossible, non, mais très compliqué. Le système académique et social en Belgique ne convient absolument pas aux étudiants athlètes. Les horaires d’entrainement, par exemple, empêchent les jeunes d’être présents aux cours. C’est pourquoi nous plaidons pour le projet le plus équilibré possible pour les joueurs que nous représentons: Loic Meunier, Robin Roland et Charles Perrier notamment.

Des joueurs qui poursuivent des études supérieures tout en jouant à un niveau compétitif. Existe-t-il un moule Talento?

Sans doute. Un environnement familial stable, la volonté d’un projet pluri-annuel et certaines valeurs sont appréciées pour collaborer avec un jeune. Manu Musemena fut le premier joueur dont je me suis occupé, et que je conseille encore, en 2014.

« Les clubs, la fédération et la ligue ont un rôle à jouer »

Actuellement, de combien de jeunes talents s’occupe Talento?

Nous conseillons neuf joueurs. Il faut savoir que chaque mois, deux ou trois personnes nous contactent pour solliciter un accompagnement. Je refuse 90% des demandes pour diverses raisons et parce qu’accompagner un joueur demande du temps. Je ne pense pas aller au-delà de dix joueurs afin de garder suffisamment de disponibilités pour les jeunes que je conseille.

Avec Talento, tu as sans doute une certaine vision des carences du basket belge, notamment concernant les jeunes joueurs. Quelles pistes pourraient être envisagées à ce niveau-là?

Personnellement, afin d’éviter que trop de jeunes se retrouvent sur le carreau après quelques saisons à avoir signé des micro-contrats pour « vivre » le rêve de la D1 et servir de chair à canon, je plaide pour que les clubs ne puissent pas proposer de contrat professionnel à des joueurs de moins de vingt-et-un ans. L’idéal serait de créer un incitant financier pour que les clubs encouragent leurs jeunes talents à poursuivre des études. On pourrait imaginer des subsides alloués aux clubs par la fédération pour le nombre de joueurs qui font des études, et les réussissent. Cela créerait un cercle vertueux et encouragerait les clubs à construire des à-côtés pour leurs joueurs à potentiel. Au lieu d’offrir une petit contrat ou une prime aux jeunes de dix-huit ans, les clubs pourraient s’engager à payer le minerval de ces jeunes et à leur octroyer une bourse académique. Cela serait un formidable message.

« Le dernier Talento Game de Manu Musemena« 

Ce samedi aura lieu le Talento Game. Comment t’est venu l’idée de créer cet évènement?

En 2015, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de All Star Game en Belgique pour les jeunes joueurs. J’ai pensé que cela pourrait être positif de réunir ces jeunes talents pour un match d’exhibition afin de les mettre en valeur.

Pourquoi le choix de Ninane pour ce match?

Car c’est une opération win-win. Talento se greffe sur un évènement déjà existant – le All Star Game – et évite ainsi certaines charges tout en attirant un public différent qui ne viendrait pas sans Talento. Je peux d’ores et déjà prédire que plus de deux cents personnes viendront ce samedi à Ninane spécifiquement pour le Talento Game.

Chaque année, le niveau de jeu proposé y est très bon.

Oui, c’est une grande fierté, le jeu proposé est très qualitatif. Les joueurs jouent vraiment, les matchs sont souvent équilibrés et, techniquement et athlétiquement, ce sont les meilleurs basketteurs de moins de dix-huit ans du pays.

As-tu une envie particulière pour cette édition?

J’espère qu’elle sera du même niveau que ces dernières années. Ce sera aussi la dernière participation de Manu Musemena – qui fut sélectionné à chaque édition – au Talento Game car il est rattrapé par la limite d’âge. J’espère qu’il fera un bon match.