Le 15 août d’un Américain en Outremeuse

      

Les Carnets du basketteur, saison 2! En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Régulièrement, pour Liège & Basketball, il vous proposera un billet dont le seul but sera de vous faire sourire et de permettre aux plus jeunes de découvrir « le basket du siècle dernier »… 

      

L’heure de la rentrée a sonné. L’occasion de revenir sur les arrivées – parfois agitées, toujours croustillantes – de quelques Américains au sein de nos clubs… voici quelques saisons maintenant.

Fin des années ’70, je me trouve à l’aéroport de Luxembourg afin d’y accueillir Bob Brown, futur renfort du Casino Spa, en D3 nationale (photo ci-dessus). J’y retrouve le très jovial secrétaire de l’Union Namur, venant quant à lui récupérer la prochaine paire US du hall Octave Henry. Dont Russ Davis qui allait devenir un personnage incontournable en Cité ardente. Pas de chance (encore que), l’avion en provenance des Etats-Unis est annoncé avec un retard de… 6 à 8 heures. La journée est splendide et le dirigeant namurois me propose d’aller tuer le temps en bord de Moselle. Direction Remich où nous nous installons à la terrasse d’un établissement. Le Riesling coule à flot et le soleil nous darde de ses rayons. Bref, nous ne sommes plus forts frais au moment de rejoindre l’aéroport. Si mon « copain de virée » n’éprouve aucune difficulté à saluer ses Ricains, je ne suis pas au bout de mes peines avec celui qui allait enflammer le Pouhon. Il refuse de passer les contrôles douaniers et campent dans une espèce de no man’s land. Avec la mine des mauvais jours. S’engage alors un dialogue gestuel qui s’éternise d’interminables minutes. En fin de compte, il se décide à me rejoindre. Avec un large sourire comme si rien ne s’était passé…

Août 86, profitant d’un séjour à la Côte, j’assiste à une rencontre opposant Sijsele (promu éphémère en D1) à une sélection américaine profondément croyante. A la mi-temps, elle entame des chants religieux accompagnée par un géant à la guitare. De suite, je remarque que le garçon est (beaucoup) plus doué avec son instrument qu’avec un ballon en mains. Quinze jours plus tard, Pepinster entame sa préparation et, à ma grande stupéfaction, je retrouve « mon » Richard Strong de Sijsele. Même dans son cas, il n’y a pas de miracle et les Hoëgnards ne tardent pas à s’en séparer. D’où le commentaire plein de bon sens de Jean-Pierre Darding : « Il ne fallait quand même pas s’attendre à monts et merveilles de sa part. Car, s’il était bon doublé de son 2,13 m, il y a déjà belle lurette qu’il serait déjà en NBA. » Ainsi soit-il !

Fernand Rossius, le regretté boss du Standard Boule d’Or (lui aussi disparu), avait l’habitude de présenter sa formation, à l’Assomption, à Hamoir. Parmi les nouvelles têtes du Country Hall, un « black » super baraqué répondant – si ma mémoire est bonne – au nom de Robinson. A l’évidence, le garçon parait tracassé au confluent de l’Ourthe et du Néblon. Avec raison car il faut savoir qu’on l’a débarqué dans son appartement en Outremeuse le 14 août sans un mot d’explication. Vous l’aurez compris, il n’a pas fermé l’œil de la nuit. Et de marteler entre inquiétude et incrédulité : « J’espère que ce n’est pas comme ça tous les jours. It’s crazy ! » Comment lui donner tort ?

     

Michel CHRISTIANE