L’étrange Malick Fall

Les Carnets du basketteur saison 3! Tout au long de cette troisième année, notre sémillant chroniqueur vous proposera d’aller à la rencontre de personnages ayant marqué notre basket principautaire. Souvent au travers d’entrevues toujours révélatrices de leur personnalité. C’est parti pour le premier carnet de cette nouvelle saison.

Drôle de coïncidence : il y a quasiment 5 ans jour pour jour, je mettais le cap, pour La Meuse, sur Pepinster et plus précisément sur sa « salle du bas ». Le 3 septembre 2014, donc, je découvrais l’aussi timide qu’impressionnant Malick Fall. Le garçon était né en ’92 à Dakar et avait passé toute sa jeunesse au Sénégal. Vu sa taille (2,11 m), il était vite repéré par les scouts européens qui lui trouvaient de l’embauche à Grenade. Cette fois, ce sont les dirigeants de la fédération espagnole qui reniflaient le bon coup. Pour preuve, il obtenait sa naturalisation moins d’un an après son arrivée au pays de la paella. Dans la foulée, il était retenu aux seins des sélections ibériques U18 et 20. Pendant ce temps, il ralliait Malaga où il côtoyait au quotidien Sinanovic, passé par le Paire de 2003 à 2005. « J’ignorais que Nedzad avait joué ici », me confiait-il, « Il faut dire que, même moi, je devais lever la tête pour lui parler. » Pour info, Sinanovic – aujourd’hui à Valladolid – culmine à 222 centimètre au-dessus du niveau de la Hoëgne…

Le moins que l’on puisse écrire est que Malick ne brillait pas par un enthousiasme dévastateur. « Nous avons dû le recadrer à plusieurs reprises en raison de son manque flagrant de motivation », se souvient d’ailleurs Jérôme Jacquemin. On l’aura compris, ce grand espoir (au propre comme au figuré) allait vite se transformer en éternel désespoir. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance de son parcours professionnel : après la région verviétoise, il transitait par ces clubs de seconde zone que sont Lognono (Esp), Drede (All), ou encore, Moron, près de Séville.

Et, à l’évidence, il ne sera pas avocat lors de sa reconversion. J’en veux pour preuve la brièveté de notre premier entretien pepin : « Excusez-moi, mais je ne parle pas anglais et encore moins français », nous prévenait-il dans un espagnol assez approximatif, « Je ne connais que mon dialecte sénégalais. » Et de poursuivre plus par le geste que par la parole : « C’est la première fois que je viens en Belgique. Il y fait fort froid, mais on m’a dit que cela ne durerait pas. » Et de tourner les talons…

Mon interlocuteur (très éphémère) a néanmoins effectué deux autres apparitions sur nos parquets. C’était en 2015 à Fleurus ainsi qu’à Ypres en 16/17 avant d’y signer son retour cet été où il a comme équipier un certain Louis Hazard (Pepinster 14 à 16 et Liège 16 à 18). Autrement dit, il faisait partie de l’équipe flandrienne s’étant payé le scalp (81-64), le week-end dernier, de Tongres et de ses Principautaires. Sans pour autant y casser la baraque : 3 points, 4 rebonds !

Michel CHRISTIANE