Lynn, Brown et Chambers, pionniers d’outre-Atlantique

Les Carnets du basketteur

 

En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Régulièrement, pour Liège & Basketball, il vous proposera un billet dont le seul but sera de vous faire sourire et de permettre aux plus jeunes de découvrir « le basket du siècle dernier » …

 

A la fin des années 70 n’importe quel club avait la possibilité d’engager un joueur étranger. Souvent (toujours ?) de jeunes Américains qui jouaient sous le statut d’étudiant. Bref, la porte ouverte à pas mal d’aberrations. C’est ainsi que mon ami Jacques Delcominette, le président de l’association belge des coaches, me signalait récemment qu’un renfort US louait ses services à Blegny en… 4e Provinciale. On s’en doute, la période était aussi propice à mal pas d’anecdotes. Racontables ou non. En voici une première livraison à mettre entre toutes les oreilles…

Nous montons en P1 avec Esneux et l’on m’affirme que nous serons désormais boostés par Fred Lynn qui venait de terminer meilleur marqueur de D3 nationale. « Si c’est le cas, j’offre le champagne » était ma réaction immédiate et incrédule. J’étais bon pour une tournée générale. On s’entrainait toujours sur le mémorable terrain extérieur de l’Alfa. Pas vraiment au goût du gentil Freddy qui, dès qu’il pleuvait, allait pêcher une échelle Dieu sait où et passait une bonne partie de la séance à essuyer le plexiglass avec un essuie-main. Je vous laisse imaginer la tronche de Jean-Pierre Fransquet…

Force est de constater que Spa avait misé sur le « bon cheval » en jetant son dévolu sur l’immense Bob Brown. Une authentique référence du basket universitaire d’outre-Atlantique. Je vais le chercher à l’aéroport de Luxembourg. Je le remarque d’emblée, il dépasse de trois têtes l’ensemble des autres passagers. A peine embarqué en voiture, il me signale qu’il n’a presque plus mangé depuis 24 heures. On déniche dès lors un petit resto à Martelange et, en attendant le repas, je lui explique que nous sommes assis dans un pays, le Grand-Duché, et que ma voiture, là-bas juste en face, se trouve dans un autre, la Belgique. Je n’oublierai jamais ses énormes yeux écarquillés avec pour tout commentaire : « It’s crazy, here ! ».

Un des premiers clubs de la région à faire appel à ce genre de « renfort caisse » a été Pepinster. Dont le très brillant tant sportivement qu’intellectuellement Bill Chambers qui, pour l’heure, est coach à la Northern Guilford Highschool, en Caroline du Nord (photo). Ce soir-là, il accompagne Gérald Van Bladel qui, non content d’être le capitaine du club hoëgnard en D2, drive la P1 de Saint-Michel

Verviers. Et ce, à l’occasion de la traditionnelle fondue. Pour Bill, c’est une première et trempe, comme tout le monde, son bout de viande à l’aide d’une fourchette. Peu après, j’ai eu tout juste le temps de le rattraper car, afin de récupérer la nourriture, il s’apprêtait à plonger la main droite dans le… caquelon. Il n’y a pas que la viande qui aurait été fondue.

 

Michel CHRISTIANE