Au Standard, les supporters valent le déplacement

 

Les Carnets du basketteur

 

En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Régulièrement, pour Liège & Basketball, il vous proposera un billet dont le seul but sera de vous faire sourire et de permettre aux plus jeunes de découvrir « le basket du siècle dernier » …

 

Une fois n’est pas coutume, cette chronique ne sera pas consacrée au basket, mais au prétendu « Dieu Football ». En effet, ma première année professionnelle coïncida avec la dernière saison où la Cité ardente (et ses environs) comptaient encore trois clubs en D1 : Liège, Seraing et le Standard. J’avais en charge le suivi quotidien de ses trois formations et leurs matches à domicile pour la DH. J’étais seul à la barre. Aujourd’hui, il serait au minimum… une demi-douzaine. Pendant quatre ans, j’ai donc vécu en « immersion quasi totale » avec les Rouches. Vous en vous doutez, les anecdotes ne manquent pas. En voici un premier jet…

C’était encore l’époque bénie où les journalistes pouvaient pénétrer dans les vestiaires directement après le coup de sifflet final. Bref, on recueillait les impressions de joueurs… toujours nus comme des vers à la sortie de leur douche. Or, parmi mes collègues, se trouvaient deux consœurs. Si une d’entre elles attendait sagement à l’extérieur, la seconde faisait preuve d’une conscience professionnelle exceptionnelle et était souvent la première auprès des Standardmen. Et, croyez-moi, elle ne perdait pas une miette du spectacle…

Tout ce petit monde était entraîné par Robert Waseige, assisté de son inséparable « P’tit Léon » Semmeling. Mon entente avec ce duo s’avéra un modèle du genre. Il faut dire que le T1 de Sclessin était – et est toujours d’ailleurs – un grand passionné de NBA. On a donc rapidement trouvé des atomes crochus. Amusant, je l’ai vite prénommé « Robert » comme il est de tradition dans le milieu. Mais, le Rocourtois, pourtant mon aîné de plusieurs années, m’a appelé « Monsieur Christiane » jusqu’il y a peu. Autre dénominateur commun, on serait plutôt « Sang et Marine » tous les deux…

Ce qui va suivre est à peine croyable : c’est cependant la stricte vérité. Nous sommes un vendredi matin et, comme tous les jours, je vais chercher mes gazettes à Theux. Sur le comptoir de la librairie, trois personnes aux écharpes rouge et blanche ainsi que le patron s’affairent au-dessus d’une carte Michelin. Ce dernier en me voyant entrer : « Vous arrivez bien, ces personnes cherchent le chemin pour aller à Harelbeke ce soir. » Moi : « C’est entre Waregem et Courtrai, mais n’y allez surtout pas tout à l’heure car le match est reporté à demain pour la télévision. » Ils acquiescent mollement. Centre de Theux, le lendemain : même heure, même supporters. L’un d’eux : « Ah Monsieur, merci pour le conseil d’hier. » Moi : « Mais, vous n’y êtes quand même pas allés hier? » Lui : « Si mais, comme ça, on connait la route pour aujourd’hui. »

Sans commentaire. Sauf peut-être celui-ci : Theux – Harelbeke 220 kms, soit près de 900 bornes au total.

 

Michel CHRISTIANE