Un revers paradoxalement aussi inattendu que compréhensible

A Mons, Ostende est apparu à la fois fébrile et moins dominateur que par le passé. Trois éléments ont sauté aux yeux pour expliquer la déroute des Côtiers dans le Borinage.

A Mons, rien n’a fonctionné pour les Ostendais. Beaucoup trop dispendieux avec le cuir (17 balles perdues), très maladroits (34% aux tirs dont 26% de loin) alors que les Montois, eux, scoraient bien plus aisément « inside » (60%) et derrière l’arc (40%). En outre, plusieurs joueurs sont totalement passés à côtés de leur match, seuls quelques uns sauvant la face tandis qu‘Olivier Troisfontaines (18 points et 19 d’évaluation), pourtant de retour de blessure après plusieurs semaines loin des parquets, fut le seul à être crédité d’une bonne prestation. « Nous avons laissé passé une bonne occasion de prendre une belle avance » déplorait d’ailleurs « Oli3F ».

Bien entendu, l’excellente défense montoise ne fut pas pour rien dans la déroute ostendaise. De plus, le ballon semblait rouler pour les locaux – des tirs importants marqués, une ou deux balles perdues provoquées, des tirs ostendais qui ressortent de l’anneau – qui gérèrent bien les moments charnières de la rencontre. Ce revers est à la fois inattendu – perdre de cette manière reste très rare pour les Côtiers – et compréhensible.

Trois éléments sautent aux yeux pour expliquer la déroute ostendaise dans le Borinage. Tout d’abord, il manque aux champions en titre un vrai poste 5 d’expérience. Les Montois ont fait le premier break grâce à Penava, proprement inarrêtable entre le milieu du premier quart et celui du second. Buysschaert et Bratanovic ont du potentiel mais restent jeunes. Quant à Gilmore, s’il arrive à être parfois productif sur de courtes séquences, il présente encore quelques lacunes et a plus un profil de power forward.

Ensuite, si la profondeur du banc ostendais est réelle, son apport est peut-être en partie fantasmé par les observateurs de l’EMBL. En effet, hormis « Oli3F », Sylla et van der Vuurst, les remplaçants ostendais – Nakic a toutefois le potentiel pour faire mieux – ne font clairement plus la différence. Sans un seul joueur américain, avec le seul Djordjevic – qui va sur ses 39 ans – comme « étranger » confirmé (Sylla et Nakic sont de bons joueurs mais restent des « prospects »), Ostende ne possède plus l’armada qu’elle avait autrefois. Et si l’armature belge des nonuples champions en titre leur permet de conserver des standards d’excellence, l’écart – cette saison – entre eux et leurs poursuivants s’est considérablement réduit.

Enfin, le comportement de Dario Gjergja peut, parfois, être préjudiciable à sa formation. Ces derniers temps, l’excellent technicien croate, s’était calmé sur le banc. Samedi à Mons, nous avons revu un Gjergja énervé, rouspétant constamment et critiquant chaque décision arbitrale. Le sélectionneur des Belgian Lions est, et de loin, le meilleur coach de Belgique. Mais lorsqu’il agit de la sorte, il se « sort » un peu de son match et risque aussi de perturber toute son équipe – qui, du coup, se focalise également trop sur l’arbitrage. Une meilleure gestion des émotions, une attitude un peu plus positive pourrait sans doute aider une équipe ostendaise qui devra absolument réagir ce lundi dans ses installations.

Thiebaut COLOT

Crédit photo: Philippe Collin