De l’engagement, du spectacle et du suspens

 

De l’engagement, du spectacle, du boucan, du suspens et un énorme François Lhoest, c’est le reportage du derby entre Liège Basket et Mons-Hainaut.

 

Un public présent, mais des gradins tout de même clairsemés, pour ce derby wallon ce vendredi au Country Hall. Les spectateurs pénétrant dans l’arène reçoivent  une pancarte pliable aux couleurs du club afin de faire un maximum de bruit et d’encourager au mieux leurs ouailles. Face à la belle équipe montoise, la tâche s’annonce ardue pour Liège Basket, privé de son nouveau meneur US, Jordan.

 

 

Premier quart-temps

 

Liège Basket hérite de la première possession mais c’est Chris Jones qui marque le premier panier de la partie. Cebasek (20 points, 6 rebonds et 4 assists sur l’ensemble de la partie) lui répond par un triple sur une passe de Terry Deroover, titularisé. Green réplique en pénétration avant qu’Idris Lasisi, bien en jambes (18 points dont un 4 sur 5 derrière la ligne des 6,75 mètres) ne creuse un premier écart à trois points sur un fâcheux oubli de la défense locale. Le meneur belge ne s’arrête pas là et remet le couvert from downtown, c’est 3 à 10 après un peu plus de trois minutes.

François Lhoest -homme du match avec Jacob Cebasek grâce à ses 10 points, 10 rebonds, 4 assists et une formidable abnégation pour défendre sur des intérieurs bien plus grands et plus puissants- délivre un caviar à Milos qui obtient la faute en prime. Sur un excellent écran en transition, Terry fait mouche à trois points. Franky gobe -déjà!- son troisième rebond offensif et punit la défense montoise. Liège passe devant, 11 à 10, tandis que Daniel Goethals éructe depuis son banc de touche.

Liège fournit une bonne défense mais Mons hérite de deux lancers sur un rebond offensif. Un seul est inscrit tandis que de l’autre côté, Bojovic poste son défenseur pour faire 14-12. Terry revient sur le parquet après avoir soufflé deux minutes alors que Brieuc Lemaire monte au jeu et se distingue d’emblée par un bon rebond défensif. Sur l’attaque suivante, Cage, esseulé, plante à trois points. Milos Bojovic force en attaque et perd la balle, Mons obtient deux lancers-francs. Le premier est marqué, le second raté mais Brieuc Lemaire s’empare du rebond offensif, heureusement sans conséquences. Darnell Harris attaque vigoureusement l’anneau mais se fait violemment bâcher. Liège récupère la balle et Cebasek réalise un « spin move » absolument splendide pour remettre les deux formations à égalité: 16 partout.

Il reste un peu plus de deux minutes à jouer, Cebasek sert Hazard qui plante de loin. Louis intercepte ensuite le ballon mais Carl Montgomery (seulement 7 minutes passées sur le parquet sur l’ensemble de la rencontre) s’emberlificote les pinceaux et paume le cuir. Brieuc Lemaire inscrit un joli panier pour ramener Mons à une unité. S’en suit une très mauvaise gestion liégeoise. Terry perd d’abord un ballon. Alors qu’il reste vingt-cinq secondes à jouer, Laurent Costantiello se fait entendre: « one shoot, one shoot » crie-t-il en direction de ses gars. Malheureusement, Terry (10 points et 6 passes décisives au total) perd à nouveau la balle et Juvonte Reddic file en contre-attaque où il obtient le bonus. Après 10 minutes, Mons mène 19 à 23. Pendant que les entraineurs fournissent leurs consignes aux joueurs, les danseuses de Liège proposent une chorégraphie sur le thème de la Saint-Valentin, avec des ballons gonflables en forme de coeur comme accessoires. Ce premier quart-temps est plaisant même s’il y a pas mal de déchets de part et d’autre.

 

 

Deuxième quart-temps

 

La foule embraie le pas de speaker et entonne « Liégeois, Liégeois ». Lemaire fait faute et est rappelé sur le banc par Daniel Goethals qui lui prodigue quelques conseils. Mons parvient à arracher deux rebonds offensifs d’affilée et Green score en pénétration: and one! De l’autre côté, alors que Lhoest a remplacé Montgomery, l’arbitre siffle un « marcher » imaginaire à Terry alors que beaucoup de supporters voyaient plutôt une faute sur le Bruxellois. Cebasek réduit l’écart aux lancers-francs mais un nouvel oubli des Liégeois au rebond offensif permet à Matt Tiby de scorer sous l’anneau et d’obtenir un lancer bonus, qu’il convertit. L’intérieur montois, qui saigne du front, est obligé de sortir du terrain. C’est que la bataille fait rage dans la raquette! Cebasek, décidément bien plus responsabilisé depuis le départ de Larson, plante une énorme bombe en contre-attaque, Liège revient à 23-29 alors qu’il reste un peu moins de sept minutes à jouer. Terry sert ensuite Franky, qui marque et Mons craque un temps-mort.

Au sortir de celui-ci, un gros oubli défensif des Principautaires permet à Justin Cage de « faire filoche » derrière la ligne des 6,75 mètres. Cela n’empêche pas l’entraineur des Borains de vitupérer le long de sa ligne. Une monstrueuse claquette-dunk de Xavier-Robert François (ndlr: à ne pas confondre avec le célèbre coiffeur Jean-Louis David) et un superbe 2+1 de Lasisi, c’est 28 à 37 et Laurent Costantiello est contraint de demander un temps-mort pour contrer la furia montoise. La mascotte liégeoise danse devant la caméra tandis que le kop de Mons se fait entendre. Delano Demps III monte au jeu pour la première fois mais Lhoest réduit l’écart d’un combatif tip-in. Milos Bojovic, tout filou qu’il est, parvient à subtiliser un ballon mais Cebasek le perd dans la foulée. Hazard s’envole sur une feinte de shoot de Lasisi qui rate son acrobatique lay-up mais Tiby récupère le ballon et le fourre dans le cercle. Cebasek plante from downtown, c’est 33-41 à trois minutes de la mi-temps.

François Lhoest nous sort une superbe défense mais Mons conteste la possession du ballon. Les arbitres discutent entre eux et valident leur première décision: balle à Liège. Demps commet une stupide faute sur Terry qui obtient trois lancers-francs. Le feu-follet liégeois en rentre deux sur trois alors que Demps (ndlr: dont le papa est le Général Manager des New Orleans Pelicans en NBA) rejoint déjà le banc. Lasisi plante à nouveau de loin mais, après une interception de Louis Hazard, Terry sert Milos Bojovic à trois points: 38-44.

Après un panier de Mons, Deroover score sur un step-back des écoles et c’est un nouveau temps-mort alors qu’il reste un peu plus d’une minute à jouer. Sacha Massot tape dans les mains de ses gars, Franky Lhoest sort encore une incroyable défense face à Reddic à qui il rend pourtant une dizaine de centimètres. Il profite ensuite de sa vélocité et pénètre dans la raquette montoise, feinte Reddic qui s’envole, et marque. Décidément au four et au moulin, il récupère le rebond défensif lors de la séquence suivante. Il reste vingt-quatre secondes à jouer et l’entraîneur des locaux demande que l’on donne le ballon à Lhoest pour qu’il profite de son match-up favorable. Bojovic ne réagit pas, Costantiello est furieux. Milos s’empale dans la défense adverse mais, miraculeusement, Liège inscrit un tip-in au buzzer. C’est 44 à 46 après vingt minutes, tout est possible même si Mons semble faire preuve de plus maitrise, la combativité des Liégeois leur permet de compenser certaines -grossières erreurs- et un déficit physique.

 

 

Troisième quart-temps

 

Alors que le public tarde à reprendre place dans les tribunes, la partie redémarre tambour battant avec un nouveau triple de Lasisi, imité par Cebasek. Nous tenons là les deux artificiers de la soirée! Garlon Green score en pénétration et Lasisi rajoute deux points, c’est 47 à 53. Green se voit siffler une portée de balle, Lhoest gobe un gros rebond offensif  avant que Bojovic ne délivre un splendide caviar à Cebasek. Green se fait pardonner de son erreur en allumant à distance, Mons compte cinq points d’avance après un peu plus de cinq minutes de jeu.

Lhoest inscrit un panier difficile et en déséquilibre pour atténuer l’écart et, sur une interception -sa spécialité- de Milos Bojovic, Harris allume à trois points sur transition -sa spécialité à lui. Les locaux reviennent à hauteur de leurs adversaires, 56 partout. Terry Deroover et Brieuc Lemaire rentrent sur le parquet, Franky doit faire une grande rotation défensive après un « hedge » mais Lasisi marque. Franky coupe ensuite très bien dans la raquette mais voit sa tentative contrée en haute altitude. Demps score en pénétration, Mons reprend quatre point d’avance et temps-mort.

Au sortir de celui-ci, Terry sert magnifique Bojovic grâce à un joli système. Liège commet une bonne grosse faute sur Justin Cage, Daniel Goethals hurle. L’ailier américain convertit ses deux tentatives. Sur un tir raté des Principautaires, Brieuc Lemaire s’empare du rebond et les supporters montois entonnent des chants partisans. Boris Penninck contre son opposant mais Mons récupère le ballon. S’ensuite un méli-mélo et Bojovic, furieux, est contraint de faire la faute sur Demps, qui ne tremble pas sur la ligne de réparation. Mons sort une excellente défense, contraignant Hazard à prendre un shoot de dépit mais Liége fournit aussi une belle séquence défensive et Cebasek plante derrière la ligne en « trailer ». Laurent Costantiello exhorte ses troupes alors que Mons reçoit sa première (!) faute du quart-temps. Après trente minutes, Mons est devant, 61 à 64.

 

 

Quatrième quart-temps

 

La foule suit les consignes du speaker du Country Hall et donne de la voix pour encourager ses favoris à l’aube de l’ultime période. Dans la tribune VIP, Zecevic et Thelen semblent apprécier le spectacle. Chris Jones – véritable sosie de Kevin Hart, le comique américain, c’en est bluffant- slalome dans la défense liégeoise pour inscrire le premier panier de ce quatrième quart-temps. L’arbitre prévient le mentor local qu’à la prochaine rouspétance de Terry Deroover, ce dernier écopera d’une faute technique. Laurent Costantiello semble éberlué par ce qu’il vient d’entendre. Jones, diablement efficace, score à nouveau en pénétration mais Cebasek s’élève à trois points et, au sommet de son saut, aperçoit Louis Hazard libre de tout marquage dans la raquette. Il lui adresse une passe laser que l’ailier liégeois s’empresse de transformer.

Il reste huit minutes à jouer et Tiby doit sortir pour la troisième fois pour écoulement de sang, ce qui a le don d’énerver Daniel Goethals. Lemaire rate à trois points mais chope son propre rebond. Terry réchauffe l’assistance avec une bombe en transition, c’est 66 à 70. Liège sort une bonne défense, récupère la balle et le public hurle et bat des mains en cadence. Harris feinte a trois points, se décale et allume la mèche. Bingo! Sa tentative fait mouche et ramène son équipe à une minuscule unité. Lhoest, impressionnant, se bat comme un beau diable avec Reddic et provoque l’interception. De l’autre côté, Harris hérite de deux lancers. Il n’en convertit qu’un mais permet ainsi à Liège de revenir à égalité. C’est 70 partout, le money time s’annonce haletant, comme souvent au Country Hall.

Terry Deroover écope d’une quatrième faute -imaginaire?- et regagne le banc tandis que Tiby fait le chemin inverse, un grand bandage lui ornant désormais le front. Une nouvelle mésentente de Liège au rebond contraint Bojovic à faire la faute. Le scorer liégeois n’est pas content, et cela se voit. Mons marque ses deux lancers, directement imité par Harris, toujours aussi clutch. Milos transforme son énervement en rage de vaincre et donne l’avantage à ses couleurs en pénétration. C’est 74 à 72, il reste trois minutes et cinquante-et-une seconde et l’entraineur des Montois prend temps-mort.

Durant celui-ci, les fans de Liège chantent le célèbre refrain « Si tu es un supporter tape des mains. » Lhoest gobe un gros rebond défensif. Bojovic, rusé, veut jouer le pick-and-roll avec Franky car le défenseur de celui-ci est plus lent. Bien vu de sa part puisqu’il obtient deux lancers-francs. Il n’en marque malheureusement qu’un seul. Sur la défense suivante, Lhoest réalise un boulot formidable mais l’arbitre juge qu’il est le dernier à avoir touché la balle alors que le banc liégeois réclame un « marcher ». Et Liège est mal payé puisque Jones plante une banderille de loin. Mons reprend l’avantage, 75 à 77, puisque Tiby avait posté Hazard un peu plus tôt.

Une mauvaise gestion du chrono oblige Cebasek à balancer une orange mais les locaux se rattrapent en défense. Sur la transition, Bojovic commet une atroce perte de balle latérale qui offre un lay-up facile aux Montois. C’est 75 à 79 et Laurent Costantiello prend temps-mort. Il reste une minute et quatorze secondes au chrono.

Lemaire monte au jeu, Terry aussi. La tentative à trois points de Bojovic ne touche rien du tout mais Lhoest parvient à récupérer le ballon. Il tombe avec celui-ci et les hommes en gris décident de rendre la balle à Liège. Terry Deroover récolte une faute technique difficilement compréhensible et rejoint le banc -c’est sa cinquième faute personnelle- en lâchant un sonore juron en langue anglaise. Mons convertit le lancer lié à la « technique » mais ne marque pas sur la possession suivante. Moment choisi par « Darnell-Harris-au-sang-glacé-dans-les veines » pour inscrire un monstrueux trois points! Liège recolle à 78-80, les supporters encouragent leurs couleurs à tout rompre. Jones, grand bonhomme de ce quatrième quart-temps, redonne de l’air à sa formation gréce à une pénétration létale. Temps-mort liégeois alors qu’il reste vingt-quatre secondes à jouer. Le public est debout, la salle résonne d’un furieux vacarme.

Sur la rentrée latérale résultant du temps-mort des locaux, Harris provoque la faute de son défenseur et obtient trois coups francs. Bien joué du sympathique Américain, d’autant plus que Liège n’a perdu qu’une seconde dans l’histoire. Et le joueur aux dreadlocks ne tremble pas: 81-80 et vingt-trois secondes à jouer alors que Daniel Goethals prend, à son tour, temps-mort. La foule chante « here we go, here we go ». Hazard commet une bonne faute sur Jones mais celui-ci convertit ses deux tentatives, c’est 81 à 84. C’est alors Lemaire qui fait faute sur Milos. Mais ce dernier loupe ses deux occasions. Il semble dépité. La faute qui suit de Cebasek permet à Mons de passer à 81 à 86, la messe est dite, d’autant plus que Jakob perd la balle sur la dernière attaque. Cage fixe le score à 81-88 sur la ligne de réparation. Quelle déception! Liège est encore passé si près de cette victoire qui se refuse aux Principautaires.

 

N.B. : le résumé en images de la rtbf est ici.