La JS Grivegnée, le « P’tit René », la FGTB et les calotins

Les Carnets du basketteur

 

En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Régulièrement, pour Liège & Basketball, il vous proposera un billet dont le seul but sera de vous faire sourire et de permettre aux plus jeunes de découvrir « le basket du siècle dernier » …

 

Septembre 1980, la Gazette de Liège, édition principautaire de la Libre Belgique, décide de rajeunir son lectorat, via le sport. Le football étant suffisamment couvert, John Erler, le secrétaire de rédaction, jette son dévolu sur le basket. Et me contacte : « On va suivre le basket et j’aimerais un correspondant par arrondissement. Serais-tu intéressé par celui de Verviers ? » Ma réponse le laisse pantois, voire interrogatif : « Je m’occupe de toute la province ou de rien du tout ! » Et j’ajoute : « Il faudra aussi que les comptes rendus paraissent dès le lundi matin car ceux de La Wallonie et de La Meuse ne sont diffusés que le mardi. » Les résultats ne se font pas attendre puisque la Gazette augmente ses ventes du lundi de 15% avant que les deux autres journaux n’avancent leur date de parution « basket » à la reprise de janvier 1981.

A cette époque, le club-phare est la JS Grivegnée qui s’ouvre les portes de la D2 nationale. Le club cher au président Lanni dispute ses matches à domicile le dimanche en fin d’après-midi (17 h 30) devant une foule sans cesse croissante et enthousiaste. Au sein de cette équipe, on retrouve notamment les frères Lallemand (Patrick et Pascal), Jean-Marie Grifgnée (le bien nommé), Paul Rambaux (le prof de français au look de bûcheron), Thierry Meurmans (le toubib de Bressoux), ou encore, cette pépite en devenir qu’était Jacques Stas faisant déjà l’admiration de son grand-papa. Entre autres. Sans oublier Didier Mayenga, devenu ingénieur à Infrabel et qui fut repris en équipe nationale zaïroise (voir photo, 2e à g.). Tout ce petit monde était drivé par Jacques Paquay, le « roi de la zone », que je considère comme un des meilleurs coaches liégeois de tous les temps. Né malin, il a cependant préféré sa place (quasi assurée) d’instituteur à une aventure (toujours) aléatoire d’entraîneur professionnel. Véritable passionné, il est encore en fonction chez les jeunes à Aywaille.

Retour à La Gazette où j’éprouvais les pires difficultés à obtenir les points des joueurs de la rue Nicolas Spiroux. Au contraire des autres formations qui étaient toutes contentes que l’on parle enfin d’elles. Après plusieurs coups de téléphone et même une lettre officielle du journal au comité de Grivegnée, tout finissait par s’éclaircir de la voix-même de M. Bouché, la personne chargée de transmettre ces précieux renseignements : « Ecoute bien, m’fî, tu m’es fort sympathique. Mais je suis délégué syndical FGTB et, tant que je serai vivant, je ne donnerai jamais rien aux calotins*. » Faut-il préciser que La Libre était de tendance catholique ? A ce moment-là, du moins.

Je me dois aussi de constater que, suite à cette prise de position sans équivoque, une réelle « paix sociale » est intervenue entre nous. Au point que j’étais désormais le premier à qui l’irascible « P’tit René » sonnait pour communiquer les points de ses protégés. L’Internationale des basketteurs, quoi…

 

Michel CHRISTIANE

 

*Calotin : terme péjoratif pour désigner une personne au service du clergé