Delahaye, l’homme aux diverses vies

Les Carnets du basketteur, saison 3! Pour cette chronique, focus sur une personnage haut en couleurs et un savoureux cross-over entre ballon rond, petite balle jaune et ballon orange.

Peut-être avez-vous pris connaissance de la démission de Pierre Delahaye, le secrétaire général de l’aile francophone de la fédération de tennis (AFT) ? « Et ce, pour raisons personnelles à un an de sa mise à la retraite », précise le communiqué officiel.

Voilà qui nous écarte des parquets, rétorquerez-vous. Pas tant que cela car il faut savoir que le Condruzien (64 ans) a connu un cheminement professionnel pour le moins tortueux. Celui-ci le vit même séjourner – très momentanément – dans les bureaux de la salle du Country Hall. Retour sur une carrière qui n’a laissé personne indifférent…

D’emblée, je dois vous avouer que j’ai toujours eu d’excellents contacts avec lui. Vous vous en rendrez compte plus avant. Je l’ai d’abord fréquenté sur les hauteurs de Rocourt au moment où le vénérable Matricule 4 commençait à battre de l’aile. On est donc en ’94 et je me souviens d’un long entretien que nous avions eu au célèbre « Chalet » bordant le vélodrome. Le directeur administratif du RFC Liégeois m’y confiait : « J’ai connu ici une période fantastique au cours de laquelle, nous avons atteint à deux reprises des quarts de finale européens. Tout en eu ayant la chance de fréquenter des entraîneurs d’exception comme Robert Waseige et Eric Gerets. Malheureusement, la situation du club se dégrade rapidement. » On sait ce qu’il en advint avec un stade mythique devenant une simple « Marchandise » pour des promoteurs ne tardant pas à faire leur… cinéma.

Au grand dam des supporters « Sang et Marine », mon interlocuteur ne tardait pas à rebondir au Standard, l’ennemi juré de la vallée. Dont il devenait le directeur général de 1995 à 2000. A ce moment, je couvre le Standard pour la DH et La Libre. Un 15 août, j’apprends que les « Rouches » s’apprêtent à signer un transfert d’importance. Coup de fil à mon ami Pierre qui m’enjoint de le rejoindre illico à sa villa. Direction Villers-le-Temple où nous avons passé un très agréable après-midi d’Assomption. Au terme duquel, je pouvais annoncer, en exclusivité, le prochain Standardman…

Bye-bye peu après les rives enfumées de la Meuse – non sans avoir essuyé un procès où il bénéficiait d’une suspension du prononcé – et bonjour le « trois pièces » clinquant de consultant. Né rusé, il comprenait vite l’intérêt de se spécialiser dans les droits TV. Qui plus est de la Bundesliga. Tant qu’à faire ! Et on en arrive au printemps 2003. A la surprise générale, il est recruté par Jean Joly afin de devenir le directeur financier du BC Liège. « Je t’avoue que mes connaissances basketballistiques sont assez limitées, mais je suis d’abord là pour faire rentrer de l’argent dans les caisses », concède-t-il. Après avoir vécu sa première rencontre (avec le Doc Maréchal et Lucien Levaux), il m’indique : « Les accros de foot prétendent que les ambiances « basket » sont artificielles. Au contraire, j’ai trouvé l’atmosphère fort familiale et où il y avait autant de femmes que d’hommes. C’est plutôt bon signe. » L’histoire tournera cependant (très) court car il quittait le Sart Tilman fin août de la même année. Soit, trois mois qui ne resteront pas marqués dans les annales du club. Ni dans les siennes, d’ailleurs.

Dans la foulée, soit le 1er janvier 2004, il s’empressait de signer à l’AFT afin d’y assumer les fonctions de secrétaire général. Pendant seize ans, il allait former un duo particulièrement complémentaire avec André Stein. Un président (liégeois) dont les premières amours avaient non pas le profil d’une petite balle jaune, mais d’un gros ballon orange. A Saint-Louis, pour être précis.

Michel CHRISTIANE