De chauffeur de bus à champion des Amériques avec les States

Les carnets du basketteur, saison 3! Pour cette chronique, coup d’éclairage sur l’étonnante trajectoire de Tom Copa.

D’accord, le personnage que je vais vous faire découvrir n’a rien à voir avec notre basket principautaire. Ceci dit, son histoire – en partie belge – vaut assurément le détour. Jugez plutôt…

« Même si j’ai fait mes études à Marquette, réputée pour son équipe de basket, je n’y ai jamais brillé. Raison pour laquelle, j’ai été chauffeur de bus scolaire l’hiver suivant l’université et devais me lever, tous les matins, à 4 h 30. Au début de l’été suivant, il s’est organisé un camp de basket près de chez moi. J’y ai participé à tout hasard et, à ma grande surprise, j’ai été recruté par l’Avanti Bruges », raconte l’aussi modeste qu’impressionnant Tom Copa (2,08 m, 126 kg).

L’« armoire normande » débarque ainsi dans la Venise du Nord en août 1988. Il est de suite sous le charme d’une ville pleine de surprises et de recoins : « Mon appartement se situait au centre dans un dédale de petites rues. Après mon premier entraînement, je m’y suis perdu et c’est la police qui m’a ramené à mon nouveau domicile… » A la « Groene Poorte », il allait enthousiasmer le public local : « L’accueil y a été extraordinaire et j’ai été étonné du nombre de personnes qui parlaient anglais. J’ai donné le meilleur et, à la longue, j’y étais surnommé le « Hulk blanc » par les supporters. Une expérience fantastique même si je ne gagnais que 1500 $ par mois. »

Au printemps ’90, Anvers et Malines lui font dès lors un pont d’or. Contre toute attente, il opte pour la (très) modeste formation de… Damme. « J’étais très attaché à la région et je recherchais, en priorité, une ambiance familiale. » Et d’y aller de cette autre anecdote : « En fin de saison, ma femme, en enceinte, me confie qu’elle préfèrerait retourner accoucher dans sa famille aux Etats-Unis. Pendant que nous sommes à la maternité, une infirmière m’indique que j’ai un appel urgent. Ce sont les Spurs qui me demandent de venir passer un test. En fait, c’est mon beau-père qui leur a renseigné mes statistiques européennes et glissé que j’étais justement de retour au pays. » C’est ainsi que le « petit » chauffeur de bus allait défendre les couleurs de San Antonio, une des plus huppées franchises de NBA. Plus fort encore : en ’93 se dispute, à Porto-Rico, le championnat des Amériques mettant aux prises l’ensemble des trois continents d’outre-Atlantique. Comme de bien entendu, les States décrochent la timbale avec, dans la sélection officielle étatsunienne, un certain… Tom Copa. « Après, j’ai encore loué mes services à Vitoria (Espagne) et Livourne (Italie)… avant d’y être à chaque fois coupé car j’avais trop d’ennuis physiques. »

Aujourd’hui âgé de 55 ans, il réside avec sa petite famille à Austin (Texas) et est vice-président de « Luminex Corporation », un important groupe industriel aux ramifications internationales. Pourtant, les polders flandriens ne sont jamais loin : « Nous adorons vraiment ce coin de Belgique et essayons d’y revenir le plus souvent possible. D’autre part, j’ai eu des coaches comme Larry Brown et même Gregg Popovich. Mais, le meilleur de tous était sans conteste le Brugeois, Werner Rotsaert. » Somptueux hommage à l’attachant paternel de Sam.

Michel CHRISTIANE

Crédit photo: Baskonia Basket