« Ne pas gâcher du vin dans mon verre »

La parole de Tim Duncan est aussi rare que précieuse. Alors on s’assied et on déguste.

Dans le podcast de son pote et compatriote Raja Bell, Tim Duncan s’est livré comme rarement.

Sur sa seconde retraite, le coaching:

« Ça ne m’a pas captivé. Ce n’était pas la même montée d’adrénaline que quand tu es joueur. »

Sur son titre préféré:

« Le plus gratifiant était celui contre Detroit (en 2005). On a dû jouer sept matchs contre eux et c’étaient probablement les Finals les plus éprouvantes que j’ai vécues. C’était le match 7 et on était à -15 à un moment donné. On prenait conscience qu’on était arrivé si loin [pour échouer si près du but]. Evidemment, ça nous est arrivé à nouveau contre le Heat (en 2013) et on a perdu celle-là, ce qui était très décevant mais ce match 7 face à Rasheed, McDyess et Ben Wallace, et tous ces grands athlétiques et qui ne vont rien lâcher. Sachant qu’on courait après le score, qu’on se faisait brasser, et puis on a commencé un run, et ça s’est terminé en apothéose. C’est un souvenir marquant pour moi. Je me souviens d’arriver à ce match 7 et les journalistes demandaient avant le match si j’avais peur. Je disais que oui, car c’est tout ou rien. Mais c’était énormément de plaisir car ça s’est bien fini et c’est probablement pour ça que c’est le plus mémorable. »

Sur la chance d’arriver aux Spurs en provenance de Wake Forest:

« Je me souviens qu’on regardait la NBA lottery à la télé avec des amis. Tout le monde pensait que j’allais jouer à Boston. Moi-même, je pensais que j’allais jouer à Boston. Ils avaient deux choix dans les dix premiers. Ils se retrouvent avec le huitième, et il leur en reste un, on arrive dans les trois derniers. Il restait Boston, Philly et San Antonio. Boston sort en troisième, et je me rappelle m’être mis debout sur la table : “Oh, mon Dieu, je ne vais pas à Boston ?” Dans ma tête c’était sûr, j’allais jouer là-bas. Les pourcentages le disaient. J’étais debout sur la table, au milieu de ma salle à manger. Philly arrive en suite et a le deuxième choix. Je me suis dit : “Oh merde !” Je vais jouer avec David Robinson, c’est une blague ? C’est génial.” Je ne sais pas ce que je serais devenu si j’avais atterri à Boston, comment ça aurait marché pour moi. Je crois que c’était Rick Pitino le coach de Boston à l’époque, et ils avaient un système complètement différent de celui des Spurs. On ne peut pas savoir. Ce que je sais, c’est que j’ai eu énormément de chance d’arriver aux Spurs. Ça a plutôt bien marché en ma faveur de tomber avec Coach Pop et tous ces vétérans. J’ai vraiment eu de la chance d’atterrir là-bas. J’ai tellement appris et grandi en tant que joueur grâce aux Avery Johnson, Vinny Del Negro, Sean Elliot, David Robinson, Monty Williams… »

Sur l’évolution de son rôle aux Spurs au fil des ans:

« Le jeu s’est adapté pour moi. J’ai simplement dû trouver ma place. Je n’étais plus un scoreur à 20 ou 25 points. Je suis devenu plus un point de fixation que celui qui portait l’équipe. Il y avait plus de pick & rolls, plus de mouvements avec et sans ballon, et tout ça revient en fait à la manière dont j’aime jouer. J’aime faire circuler le ballon. J’aime trouver mes partenaires. J’aime trouver la faille dans la défense, savoir comment elles fonctionnent et exploiter leurs points faibles. »

Sur le jeu actuel:

« Il y a beaucoup de choses que j’aime et que j’apprécie, et puis beaucoup d’autres choses que je déteste. Je déteste comment le jeu est sifflé parfois, comment ils ont ôté tout pouvoir aux joueurs qui sont au poste bas. Maintenant, on a le droit de défoncer le joueur au poste. Tu as le droit de le dégager de sa position. Tu as le droit de le frapper, de le pousser quand il shoote. Mais si tu te retournes et que tu te mets face à la ligne à 3-points, que tu shootes et tu tombes, tout à coup, il y a un coup de sifflet. Ils surprotègent les shooteurs loin du cercle, et sous protègent les joueurs au poste bas qui utilisent leur corps et leur impact physique près du cercle… C’est une dynamique bizarre. Ça va et ça vient à mesure que le jeu évolue. La NBA veut plus de scoring. Ils veulent des matchs à 130 ou 140 points. Ils ne veulent plus des batailles, des matchs rugueux à 80 ou 90 points qu’on avait par le passé. Ils veulent des matchs plus rythmés et plus de tirs à 3-points. Ils veulent que ça joue vite d’un côté à l’autre… Il y a du bon et du mauvais, mais c’est évidemment très irritant parfois. Je vois quelle est l’évolution. Il faut simplement s’adapter et évoluer. »

Sur Pop et la vinasse:

« On est toujours ensemble. Pop me chambre toujours pour boire du rhum plutôt que du vin. A chaque fois, il disait aux serveurs de ne pas gâcher du vin dans mon verre.«