David Offermann, un parcours exemplaire

Jeudi férié de fin de saison, l’occasion de republier certains articles iconiques comme celui consacré en 2018 à David Offermann. Prenons le temps de revenir sur la trajectoire de l’ancien de Fléron et Ninane et de saluer un grand sportif mais surtout une belle personne et un exemple pour nous tous.

« Le sport a toujours fait partie de ma vie » nous explique David Offermann. « J’ai besoin de cette soupape et de compétition. C’est ce qui me fait avancer. » Et sur les terrains de basket, David a très vite brillé. « J’ai joué à Fléron en jeune mais à 19, j’ai rejoint Saint Louis en D2 » se rappelle-t-il. David passe ensuite à l’Athénée de Jupille, où il rencontre son grand ami Steve Tihon et puis revient à Fléron, sous la férule d’Yvan Fassotte, « qui n’était d’ailleurs pas très ravi de mon départ au Collège, lui qui comptait sur moi. » La belle aventure fléronnaise est en route, le club accède à l’élite nationale et l’élégant intérieur s’en va ensuite à Avernas et puis à Jupille. Des passages bien souvent couronnés de succès.

Et des succès, David va en connaitre lorsqu’il atterrit ensuite à Ninane, où il retrouve Yvan Fassotte. Durant cinq années, le club calidifontain va marcher sur l’eau, enchainant les épopées victorieuses gravées à jamais dans le marbre du basket liégeois. Entretemps, David s’est également mis au vélo. Il roule avec des amis et s’est lancé le défi de monter le Ventoux. Il multiplie les sorties  à bicyclette jusqu’à ce funeste jour d’avril 2010. « C’était un samedi » se souvient le sympathique Liégeois. « Dans une descente, un 4X4 m’a heurté de plein fouet! »

Les conséquences sont évidemment dramatiques, David est transporté d’urgence à l’hôpital où le pronostic vital est même engagé. « J’avais la cuisse toute ouverte mais, heureusement, je n’ai pas développé d’infection » raconte-t-il. « J’ai eu énormément de chance, même si j’ai dû passer deux mois à l’hôpital et que j’ai subi des opérations. » N’en reste pas moins que David est diminué. « Il s’agit d’un véritable handicap, ma jambe me fait souffrir et me limite dans mes mouvements et mes activités » précise-t-il. « Ce sont les séquelles de l’accident mais, comme cela n’est pas visible, on a tendance à l’oublier. »

Exclu du handbike

Mais David est un battant, il trouve en lui les ressources pour aller de l’avant, avec l’enthousiasme et la motivation qui le caractérisent. Et se lance dans le handbike. « Je l’ai fait à fond » précise-t-il. « Je voulais me prouver à moi-même que ce n’était pas l’accident qui allait m’arrêter. » Et dans cette discipline qu’il découvre, David progresse à vue d’oeil. « Je m’y suis mis très sérieusement, je me suis pris au jeu » nous explique-t-il. Au point de viser les compétitions nationales et internationales. Mais là encore, David n’est pas épargné! « J’ai été exclu du handbike » regrette-t-il. « Très à cheval sur le règlement, les instances dirigeantes ont décrété que j’avais un avantage de stabilité dans cette catégorie. Alors même que mon poids me désavantageait réellement. »

Très performant en handbike.

Un coup dur pour lui. « J’étais vraiment dégoûté, je m’étais tellement investi » rappelle-t-il. Après trois mois à réfléchir, il touche à d’autres disciplines adaptées. De l’aviron tout d’abord. « Dans une catégorie à quatre dans le bateau. Mais c’était compliqué de trouver des partenaires et, surtout, je devais utiliser mes jambes. c’était trop douloureux » précise-t-il. Ce sera ensuite le tennis. « J’ai vraiment accroché » nous dit-il enthousiaste. « Je devais payer moi-même un entraineur personnel, je l’ai fait tout en retouchant au basket. »

Le basket en chaise roulante que l’ancien scoreur du BC Ninane avait déjà eu l’occasion d’expérimenter quelques années plus tôt. « En 2012, j’avais fait un petit test. J’avais retrouvé des sensations mais j’étais alors à fond dans le handbike et il était impossible de concilier les deux. » Après une fracture du poignet, David délaisse définitivement le tennis pour se (re)lancer dans le basket. Et comme à chaque fois, il le fait à fond. Et comme toujours, il performe. Affilié à Natoye qui participe au championnat de Belgique, il évolue simultanément aux Roller Bulls qui concourent dans le championnat allemand. « Celui-ci est plus compétitif et les moyens sont supérieurs. C’est une discipline assez spectaculaire, le public apprécie. »

Repris en équipe nationale

Néanmoins, le basket en chaise roulante possède ses propres règles auxquelles il faut pouvoir s’adapter. « C’est là une des plus grosses difficultés » intervient David. « On fonctionne beaucoup dans du jeu à deux. » Alors que sur ses deux jambes, il excellait en pénétration, son jeu aussi doit évoluer. « Le un contre un n’est pas possible, dès lors, je me repose beaucoup sur mon shoot hors raquette » explique-t-il. « Ma taille est un gros avantage mais je ne suis évidemment plus le même joueur. » Avec un paramètre indispensable à prendre sen compte: le fauteuil roulant. « Plus tu te débrouilles bien avec ta chaise, plus tu kiffes. Tu peux partir en contre-attaque, mettre des lay-up ou éviter un défenseur. Je dois encore progresser là-dessus. A ce niveau-là, cela reste très technique et c’est parfois frustrant. »

La folle épopée de Ninane.

Mais David progresse à vue d’oeil, au point d’être repris en équipe nationale! « Quand je joue, c’est toujours pour être le meilleur possible » nous avoue-t-il. « Cette présélection est une petite fierté, d’autant plus que nous jouerons en juin pour revenir en Division A. La sélection nationale n’a été remise sur pied qu’il y a trois ans. » Et David va continuer de se donner entièrement pour faire partie des douze joueurs qui représenteront la Belgique. Il vise même plus loin. « J’ai quarante et un an (ndlr: quarante-deux aujourd’hui) mais en chaise roulante, l’âge à moins d’importance. J ‘ai encore dix bonnes années devant moi » avance-t-il.

De quoi se forger d’autres beaux souvenirs, lui qui en possède déjà une foultitude. « Les montées avec les différents clubs que j’ai fréquentés restent parmi les meilleurs, tout comme l’ambiance de feu à Fléron, à l’Athénée avec Steve et Luc Franssen et à Ninane, un club familial où j’ai tissé des liens très forts. » Et si David a laissé son empreinte dans le monde du basket liégeois, certains personnages de celui-ci l’ont marqué. « Comment ne pas citer Yvan Fassotte » s’interroge-t-il. « Il a toujours fait progresser ses joueurs et ses équipes, avec des idées précises et justes, de la variété et de la rigueur. Mais aussi Steve Tihon et Marc Hawley. Et puis Ryan Moss, toujours pro. » Et de conclure. « Son arrivée à Fléron était exceptionnelle, lui qui carburait au jus d’orange. Un mec super.«