« Une main gauche peut être utile »

Ce mercredi, Liège & Basketball vous emmène à la découverte de Cassandra Urbany. Entretien fleuve avec la passionnée joueuse de Prayon.

Cassandra, peux-tu nous retracer ton parcours basket?

J’ai commencé à pratiquer ce sport dès l’âge de trois ans. Toute petite, j’étais déjà une grande passionnée. J’ai joué à Tilff ainsi qu’à Esneux jusqu’en pupilles. J’étais alors en sélection mini-basket également et l’un de mes plus beaux souvenirs reste le tournoi international de Fossombrone. C’était juste magique. Je suis ensuite partie à Montegnée où je suis resté sept saisons et où j’ai eu la chance d’évoluer plus rapidement en jouant dans deux équipes. J’ai reçu l’occasion de m’entrainer avec les équipes dames, ce qui m’a aidé à progresser ainsi que de pouvoir compter sur d’excellents entraineurs comme Guillaume Barbieux et Philippe Anthiersens.

Tu es ensuite retournée à Esneux.

Oui, dans mon club de coeur et pour sept années durant lesquelles nous avions un très bon groupe. Nous finissions chaque fois dans le top 3. J’avais des envies de monter en régionale mais ce n’était pas possible avec Esneux alors j’ai eu le déclic de partir à Pepinster durant une saison et demie.

Une saison et demie?

Oui car cela s’est assez mal terminé, il y avait des désaccords entre l’ensemble du comité, le coach et moi. Je ne garde aucun regret et je me suis dirigé vers Trooz, le club où je continue de pratiquer ce sport qui me passionne tant! Si le projet de R1 ne s’est pas fait, j’ai été très bien intégré par les filles de P1.

Une saison qui s’est conclue par une descente.

Notre équipe comptait de bonnes joueuses mais nous n’arrivions pas à concrétiser notre potentiel par des victoires. Cela nous a valu une chute libre et une descente en P2. Cela ne nous a toutefois pas affaiblies, bien au contraire, et nous sommes reparties motivées en P2 avec un nouveau coach qui nous apporte beaucoup.

Un évènement t’a profondément marquée.

Oui, la perte de mon papa m’a fortement changée sur le terrain. J’essaie de moins me prendre la tête car cela reste une passion et j’ai la chance de toujours avoir ma maman qui m’accompagne partout depuis ma plus tendre enfance.

Ton club de Prayon t’a d’ailleurs soutenue dans ces moments difficiles.

En effet, j’y ai rencontré de belles personnes qui m’ont soutenue après la perte de mon papa, un évènement dont je me remets difficilement car il était très présent au basket pour me crier dessus quand je n’en faisais qu’à ma tête ou quand je pétais les plombs, ce qui arrive moins souvent car j’ai mûri.

Qu’apprécies-tu à Prayon?

Outre les personnes que j’ai rencontrées, le côté familial du club m’a motivé à poursuivre le basket tout comme la confiance que l’on m’y accorde, tant sur le terrain qu’en dehors.

Tu t’y impliques d’ailleurs beaucoup.

Pour l’instant, je suis capitaine. On verra si je le reste mais je fais de mon mieux pour faire honneur à ce privilège et porter et motiver mon équipe. Je me suis investie pour créer des t-shirts de supporters et depuis cette saison je fais partie du comité et j’essaie de faire avancer le club au travers de différents organisations et projets.

Quels sont vos objectifs cette saison en P2?

La montée, directement. Nous sommes descendues alors que nous avions un bon niveau. Notre mauvaise gestion sur le terrain nous a coûté cher mais nous sommes toutes déterminées, ainsi que notre coach, pour conclure ce championnat la tête haute avec une montée à la clé et peu de défaites.

Comment juges-tu votre début de saison?

Personnellement, je dirais très casse-pied au début car notre nouveau coach est particulièrement pointilleux, ce qui n’est pas un défaut sauf quand l’on n’a pas de main gauche et qu’il veut qu’on la travaille (rires)! Ceci dit, je constate désormais que c’est bien utile et qu’une main gauche peut parfois servir (rires). Plus sérieusement, le travail commence à payer et malgré les arrivées de nouvelles joueuses et les grossesses, notre début de saison n’est pas mal du tout avec quatre victoires en autant de rencontres et nous allons continuer à avancer ensemble.

Comment juges-tu le niveau en P2 dames?

Difficile à dire car cela fait longtemps que je n’y avais plus évolué mais je remarque une grande différence avec le niveau pratiqué en P1. Alors qu’en P1 un match n’est jamais fini, en P2 le retour de l’adversaire devient beaucoup plus difficile dès qu’il y a un écart de points importants.

Revenons un peu à toi. Qu’est-ce qui te plait particulièrement dans le basketball?

Le jeu en lui-même me plaît, les aspects collectifs et combatifs surtout. Cela fait partie de ma mentalité de ne rien lâcher. J’adore jouer défense et aller récupérer des balles au sol. L’interception reste mon dada mais il faut vraiment que j’essaie de davantage convertir mes contre-attaques (rires).

Comment te définirais-tu en tant que joueuse?

Déterminée, surtout depuis la perte de mon papa, mon plus grand fan qui me répétait de ne jamais rien lâcher, combative, rapide, concentrée, râleuse, nerveuse et disposant d’une bonne lecture du jeu. J’encourage tout le temps, je crie beaucoup, je suis passionnée, parfois inconsciente. J’ai du mal à m’arrêter, même lorsque je suis blessée, ce qui m’a parfois joué des tours. Et je vais dire un peu shooteuse, aussi, car cela m’arrive de scorer quand il le faut, surtout en P2. Mais si je constate que cela ne veut pas rentrer, les assists fonctionnent très bien (rires). Enfin, il faut reconnaitre que j’ai toujours eu un sale caractère, ce qui m’a apporté du négatif comme du positif.

As-tu des modèles qui t’inspirent?

Julie Allemand et Emma Meesseman. Leur modestie et la simplicité de leur jeu rend le basket tellement beau. J’adore les regarder jouer, c’est juste « Waouh »! J’ai eu la chance de partir aux Etats-Unis en juillet dernier avec Game Time et d’assister à un match WNBA. C’était juste magique! Un basket propre et beau. J’apprécie aussi la NBA – LeBron James, Jordan et James Harden – même si je ne suis pas tous les matchs. Les moments forts me fascinent, surtout dans les matchs difficiles, ainsi que les shooteurs, les crosseurs, les belles phases de jeu.

Selon toi, quels sont les points communs et les différences entre basket féminin et masculin?

Actuellement, le jeu masculin est tout de même plus physique même si je trouve que le basket féminin l’est devenu davantage. Le basket féminin est plus « vicieux », les filles sont plus râleuses (rires). J’estime que le basket féminin est plus tactique que son homologue masculin qui est plus rapide et spontané. Les hommes arrivent plus vite à se trouver sur un terrain et, chez les filles, on remarque rapidement lesquelles ont joué avec des garçons en étant plus jeunes.

Quels sont les atouts du basket féminin pour séduire un plus large public?

Les shorts moulants (rires)! Non, je rigole bien sûr. C’est vrai que moins de spectateurs se déplacent pour les matchs féminin mais je crois que proposer du beau basket, remporter des matchs avec une vraie notion collective et une belle ambiance ne pourra qu’encourager le public à supporter des équipes féminines. J’espère que le basket féminin continuera de convaincre un plus large public car, en dames, nous proposons de belles choses aussi.