Quand les P’tits Belges mettaient l’armée US au garde-à-vous

Les Carnets du basketteur, saison 2! En près de quarante ans de carrière, Michel Christiane a accumulé une kyrielle de souvenirs et d’anecdotes. De Fond-de-Forêt à Barcelone. Cette fois, notre sémillant chroniqueur nous « parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre » comme le chantait Aznavour.

Cette semaine, je vais vous parler d’un temps que les plus jeunes ne sauraient connaitre. Celui du service militaire obligatoire qui offrait un panel important de joueurs-miliciens aux recruteurs de l’époque. Parmi eux, on retrouvait bien évidemment le regretté Roger Grégoire (disparu début janvier de l’an dernier) qui gérait, en priorité, la sélection de la force aérienne. Deux autres entraîneurs de notre région faisaient partie de l’IRMEP (Institut Royal Militaire d’Education Physique) d’Eupen : le jovial Jalhaytois d’adoption qu’est Cyriel Van Geert qui distille encore ses conseils à quelques formations de jeunes ainsi que l’aussi élégant qu’intransigeant regretté Léo Goyens. Pour l’avoir fréquenté au Casino Spa (D3), je peux vous assurer que ça ne rigolait pas dans les rangs… Rusé, il employait souvent le même procédé pour inciter un joueur à signer dans l’équipe de club qu’il drivait : il laissait entrevoir à son éventuel renfort qu’il pourrait intervenir en sa faveur pour lui ouvrir les portes de l’équipe nationale militaire. Avec, en corollaire, la perspective d’un service nettement moins astreignant.

En ce qui me concerne, j’ai effectué, une grande partie du mien, à Weiden (près de Cologne) au Quartier Général des forces belges en Allemagne. Le Club Med, toutes proportions gardées. Le matin, je passais mon temps – plus que je ne travaillais – au sein d’un secrétariat labellisé « top secret ». Deux options s’offraient pour mes après-midis : soit, jouer au tennis avec le Général Untel ou le Colonel Tartempion ; soit, m’entraîner individuellement dans une salle qui aurait fait pâlir d’envie bon nombre de dirigeants civils en Belgique. Une ou deux fois par semaine, je revenais au Pouhon donner entraînement aux cadettes bobelines. Un soir, je suis arrêté à la frontière et le douanier de service me demande d’ouvrir le coffre de ma vétuste R4. Je m’exécute et, instantanément, une demi-douzainede ballons prend la tangente aux quatre coins du parking chevauchant les deux pays…

Quelques années de suite, j’ai suivi pour la DH le réputé Tournoi du Shape qui se déroulait traditionnellement début décembre dans la périphérie montoise. Dans une « gym » typiquement américaine. Dans mes archives, je retrouve mon reportage de l’édition 1990 remportée par l’Italie. Mais, nos fiers militaires ABL étaient montés sur la 3e marche du podium après leur victoire – quasi historique – sur les… USA : 91-72. Il faut de suite souligner le fait que la sélection d’outre-Atlantique était fortement déforcée car la plupart de ses éléments avait été réquisitionné par la guerre du Golfe venant d’éclater. Pas loin de la moitié de notre phalange représentative était principautaire. A savoir, le distributeur Titi Delsaux, les ailiers Jean-Paul Gueldre et Jean-François Bader alors que notre raquette était défendue par Sam Staggers, le plus Wallon des Américains, et par Jean-Luc Selicki (photo), le plus Polonais des Wallons. Celui-ci me précise que l’assistant-coach n’était autre que Jean-Marc Rondoz, le papa de Corentin.

Pour conclure, cet épisode révélateur : il y a quelques temps maintenant, je suis en contact avec un (clivant) animateur-télé aujourd’hui mis à l’écart. Suis-je assez clair ? Au cours de la conversation, il me confie qu’il préfère le basket au foot et qu’il a longtemps joué dans différents clubs du Borinage : exact. Dans la foulée, il me prétend alors qu’il a été retenu en équipe nationale militaire. Renseignements pris auprès de hauts responsables de la Grande Muette ayant eu le sport dans leurs attributions : archi-faux ! Mais, il est… vrai que le personnage n’en est pas à l’une ou l’autre « approximation » près. Repos !